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INTRODUCTION À L’HISTOIRE

qui leur appartenait en propre[1]. Cela veut peut-être dire simplement que les Mo ho seng tchi étaient la sous-division la plus nombreuse des disciples de Câkya ; et il faut bien que cela soit, puisqu’on les appelle Les Religieux de la grande Assemblée. Je ne doute pas en effet que les Mo ho seng tchi de Fa hian ne soient les Mahâ sâm̃ghikas du Mahâvastu ; et je regarde le rapprochement de ces deux titres, appuyé ainsi qu’il l’est de l’existence du Mahâvastu, comme bien plus fondé que celui qu’a suggéré à M. Wilson le nom brâhmanique de Mahâ sâm̃khya[2].

J’aurais désiré retrouver de la même manière les titres des autres écoles, et notamment de celle de Kâtyâyana, personnage qui, nous le verrons ailleurs, a une importance considérable pour l’histoire du Buddhisme méridional ; mais je n’ai jusqu’ici rencontré dans les livres sanscrits du Népal qu’un seul nom qui se rapportât à l’un de ces titres ; je l’indiquerai plus bas en son lieu.

Indépendamment de ces indications éparses qu’il importe de recueillir dans l’intérêt de l’histoire, nous possédons les grands recueils de la Prâdjnâ pâramitâ, auxquels une des quatre sectes citées par l’Abhidharma kôça, celle des Madhyamikas, est certainement postérieure. Or ce serait un résultat d’un grand intérêt que de retrouver, en partie du moins, dans la Pradjñâ pâramitâ, le tableau de l’ontologie buddhique, tel que l’a exposé M. Hodgson. Mais les traits de ce tableau sont dispersés dans de si énormes collections, ils y sont marqués d’une main si faible et perdus sous une masse de paroles si vides en apparence, que je n’hésite pas à dire qu’ils ont beaucoup gagné à passer par l’esprit clair et positif du savant Anglais. Si donc les détails dans lesquels je vais entrer ne répondent pas complètement à ceux qu’a rapportés M. Hodgson d’après la tradition népâlaise, on ne devra pas conclure de là que son tableau n’est pas exact, ou que mes détails ont été mal choisis. Comme je ne m’occupe à dessein que de points particuliers et conséquemment très-spéciaux, il est difficile que je rencontre les généralités résultant de la réunion d’un nombre considérable de ces points particuliers et surtout du travail successif des siècles, favorisé par l’action mutuelle des écoles les unes sur les autres. Mais cette partie de mon travail ne sera pas inutile, si je parviens à marquer la véritable place de la Pradjnâ pâramitâ dans l’en-

  1. A. Rémusat, Foe koue ki, p. 318. Le Mahâvastu serait-il l’ouvrage dont M. A. Rémusat parle ainsi dans ses Recherches sur les langues tartares : « À la même époque (1332), un décret de l’Empereur ordonna qu’on écrirait en lettres d’or et en caractères ouigours un livre buddhique en mille sections, sur la longévité de Buddha, ainsi qu’un autre ouvrage de théologie, intitulé « la Grande histoire. » (Recherches, etc., p. 212.) Le livre sur la longévité du Buddha est-il le Suvarṇa prabhâsa ?
  2. Journ. Roy. Asiat. Soc., t. V, p. 134.