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INTRODUCTION À L’HISTOIRE

abrégée du même ouvrage en vingt-cinq mille, ne sont pas les seuls traités philosophiques auxquels s’applique ce titre de Pradjña. On en cite encore deux autres rédactions, l’une en dix-huit mille articles, l’autre en dix mille, qui passent la première pour l’abrégé de la rédaction en cent mille, la seconde pour l’extrait de la rédaction en vingt-cinq mille articles[1]. Enfin la collection se termine par une rédaction plus courte en huit mille stances, celle-là même que je citais en commençant, et pour laquelle les Népâlais paraissent réserver spécialement le titre de Pradjñâ pâramitâ[2]. Je dis rédaction plus courte, pour ne rien décider sur la question de savoir si, comme le veulent les Tibétains, ce n’est qu’un abrégé des collections plus amples, ou si au contraire cette édition est, comme le prétendent les Népâlais, l’ouvrage primitif dont les autres ne seraient que des développements[3]. Il ne faut pas oublier non plus le Vadjra tchhêdika, qui est un extrait plus condensé encore de toute la doctrine contenue dans la Pradjñâ pâramitâ ; c’est le livre que M. Schmidt, ainsi que je l’ai dit au commencement de ce volume, a traduit du tibétain et inséré dans les Mémoires de l’Académie des sciences de Saint-Pétersbourg.

Le morceau qu’on va lire est emprunté à la Pradjñâ pâramitâ en huit mille articles, c’est-à-dire à la rédaction que les Népâlais regardent comme la plus ancienne. Je l’ai extrait du premier chapitre, parce qu’il m’a paru indiquer, plus nettement que tout autre, la tendance générale de ce recueil. J’ai comparé ce passage avec la partie correspondante de la Pradjñâ pâramitâ en cent mille articles, et je puis affirmer que la doctrine est identique dans ces deux recueils. Ce que je dis du premier chapitre s’applique également à l’ensemble des deux ouvrages. J’ai traduit, pour mon usage personnel, presque toute la Pradjñâ en huit mille articles, et j’en ai comparé une portion considérable avec la rédaction la plus étendue en cent mille stances. Or j’ai trouvé dans les deux recueils les mêmes sujets, traités exactement de la même manière, souvent dans les mêmes termes. La différence de la rédaction la plus considérable à la rédaction la plus courte n’est guère que dans le développement et dans la répétition fastidieuse de formules, qui dans la rédaction en huit mille articles sont parfois abrégées. « Dans cette assemblée, Bhagavat s’adressa ainsi au respectable Subhûti le Sthavira : Déploie ta vigueur, ô Subhûti, en commençant par la Perfection de la sagesse pour les Bôdhisattvas Mahâsattvas[4], afin que les Bôdhisattvas la pénè-

  1. Csoma, Anal. of the Sher-chin, dans Asiat. Res., t. XX, p. 394. Journ. Asiat. Soc. of Bengal, t. I, p. 376.
  2. Hodgson, Notices, etc., dans Asiat. Res., t. XVI, p. 427.
  3. Hodgson, Notices, etc., dans Asiat. Res., t. XVI, p. 424.
  4. L’épithète de Mahasattva, qui signifie « grand être, ou grande créature, » est toujours