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DU BUDDHISME INDIEN.

que le conçoivent les Buddhistes, il faudrait parler de la troisième région, c’est-à-dire de la plus élevée, de toutes, qui sous le nom collectif de « Région sans forme, ou de ce qui n’a pas de forme, » comprend quatre cieux dont le Vocabulaire pentaglotte donne les noms[1]. Je pourrais renvoyer au Mémoire spécial de M. Schmidt dans lequel ce savant auteur donne une théorie philosophique de cette région immatérielle, où l’infinité en espace et en intelligence est couronnée par un ciel où il n’y a ni idées ni absence d’idées[2]. Mais n’ayant pas trouvé dans nos textes sanscrits du Népâl la confirmation de cette théorie, dont l’idée principale est que Buddha est uni dans ces cieux à la Pradjñâ pâramitâ ou à un Nirvâṇa parfait, en dehors de toute relation avec la matière, je serais obligé, pour la discuter, d’entrer dans des éclaircissements qui augmenteraient considérablement cette note déjà bien longue. J’aurai d’ailleurs une occasion favorable de revenir sur ce sujet dans le second volume du présent ouvrage, en examinant un passage fort curieux des textes pâlis ; je montrerai alors quelle idée les Buddhistes se font de la création de tous ces mondes, laquelle est pour eux le résultat nécessaire de la conduite des êtres moraux qui les habitent, et non l’œuvre d’un Dieu créateur que le Buddhisme n’a jamais connu.

No V. — DU SANTAL NOMMÉ GOÇÎRCHA.
(SECOND MÉMOIRE, SECTION III, PAGE 217.)

Le nom de ce Santal signifie tête de vache ; il paraît que cette espèce est la plus estimée de toutes, car on la trouve souvent citée dans les légendes. Les Tibétains le transcrivent assez exactement de cette manière, gor-chi-cha, et le considèrent avec raison comme un nom propre qu’ils conservent dans leurs versions[3]. Je suis convaincu que c’est ce même nom qu’expriment les Mongols par le mot de Gurschoscha, espèce de Santal qui, suivant la légende relative à la découverte de l’image miraculeuse d’Avalôkitêçvara, ne croît que dans la partie septentrionale des monts Malayas[4]. Rien ne nous apprend si les Mongols connaissent le sens véritable de leur Gurschoscha ; mais il me paraît évident qu’ils ont su, quoiqu’en le modifiant un peu, celui du terme sanscrit

  1. Vocab. pentagl., sect. liv.
  2. Mém. de l’Acad. des sciences de S.-Pétersbourg, t. I, p. 101 et 102. Voyez encore le même recueil, t. IV, p. 217.
  3. Schmidt, Der Weise und der Thor, p. 282, texte ; et p. 353, trad. allemande.
  4. Id. Geschichte der Ost-Mongolen, p. 332.