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DU BUDDHISME INDIEN.

je ne saurais affirmer, car les vaches grisâtres sont en général plus communes dans l’Inde que les fauves. M. le Dr  Roulin, que j’ai consulté à ce sujet, pense que le nom de tête de vache pourrait tenir à l’analogie qui existe entre l’odeur un peu musquée de certains Santals et celle qu’exhale en général le corps des animaux du genre bœuf. Cette odeur, chez les espèces où elle est la plus prononcée, existe surtout dans la touffe de poils qui couvre le front. D’après cette hypothèse, le nom de Tchandana Gôçircha reviendrait à dire « Santal qui a l’odeur de la tête du bœuf. » Avant de finir, je dois remarquer que le nom du Santal que je viens d’examiner est le seul, à ma connaissance, qui paraisse dans les légendes buddhiques. Je ne me souviens pas d’avoir rencontré plus d’une fois le nom du Santal produit par les monts Malayas, savoir Malaya tchandana. C’est dans, la légende du prince qui donne son corps à dévorer à une tigresse affamée, légende qui fait partie du Suvarṇa prabhâsa, dont l’antiquité est selon moi très-douteuse[1].

No VI. — DU NOM DE ÇÂKALA.
(second mémoire, section iii, page 384.)

Ce nom rappelle celui de la ville anciennement célèbre de Çâkala ou Sâkala, qui est déjà citée dans le Mahâbhârata[2], et que les Grecs ont connue sous les noms de Σάγγαλα suivant Arrien[3], sous celui de Σάγαλα d’après Ptolémée, et enfin sous celui d’Ἐυθυδημία, nom qui, suivant le même Ptolémée, est synonyme de Σάγαλα et qui se rattache, comme Bayer l’a dit depuis longtemps, au nom du roi bactrien Euthydème[4]. Quelques difficultés qui existent encore sur la position précise de cette ville, à cause de la connaissance imparfaite que nous avons du Pendjab actuel où tous les critiques s’accordent à la chercher, rien n’est moins fabuleux que son existence. Il serait bien difficile d’ajouter quelque chose de nouveau aux discussions approfondies dont elle a été l’objet de la part de Lassen[5] et de Wilson[6]. Rappelons seulement que Lassen, tout en renonçant, sur l’autorité de Droysen, à l’idée que la Çâkala du Mahâbhârata soit la Sangala

  1. Suvarṇa prabhâsa, f. 110 a, man. de la Soc. Asiat. Conf. Schmidt, Mongol Gramm., p. 161.
  2. Lassen, Pentapot. Ind., p. 64.
  3. Exped. Alex., l. V, c. xxi et xxii.
  4. Lassen, loc. cit., p. 20 et 36. Conf. Benfey, Indien, p. 85 de l’extrait.
  5. Lassen, Zeitschrift für die Kunde des Morgenland, t. I, p. 353, et t. III, p. 157 sqq., et p. 212.
  6. Ariana antiqua, p. 196 sqq..