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DU BUDDHISME INDIEN.


production connexe, ce qui me donne pour l’expression entière : « la production connexe des causes. » De cette expression tibétaine, qui joue un si grand rôle dans le système primitif de la philosophie buddhique, la seule partie que je rencontre dans les dictionnaires de Csoma et de Schmidt est rten-hbrel, « connexion fondamentale, accord réciproque. » Et quant au premier monosyllabe, qui dans la version du Lotus de la bonne loi est suivi de tching, formative du gérondif, on voit qu’il traduit, ainsi que je l’indiquais en commençant, non le sens étymologique, mais la valeur d’extension de pratyaya.

Au reste, la traduction que donnent le Lotus et Schröter du composé Pratîtya samutpâda est classique ; car je la trouve dans la collection de légendes, publiée récemment par M. Schmidt[1]. Il est question, au troisième chapitre de cet ouvrage, d’un Sûtra intitulé : Rten-tching-hbrel-bar-hbyung-ba-btchu-gñis-kyi mdô, ce que M. Schmidt traduit : Der ans den zwölf gegenseitigen Dedingungen Entstandene. La présente note explique suffisamment pourquoi je traduirais ce titre de la manière suivante : « Le Sûtra des douze productions connexes des causes. » Je crois me rappeler d’avoir vu un pareil titre dans un recueil du Vinaya des Singhalais en pâli ; mais les recherches que j’ai faites pour le retrouver ont été jusqu’ici infructueuses ; j’espère y pouvoir revenir dans le second volume du présent ouvrage.

No VIII. — ADDITIONS ET CORRECTIONS.

Page 58, fin du troisième alinéa. — [Aux éclaircissements que j’ai donnés sur l’application qu’on fait du titre d’Upadêça aux livres nommés Tantras, il est indispensable d’ajouter ce qui suit.] Il n’y a rien, au reste, que de très-naturel à voir les Tantras nommés Upadêça ; car ce dernier mot, outre son sens général d’avis, instruction, a encore la signification toute spéciale d’initiation, c’est-à-dire de « communication d’un Mantra ou d’une formule par laquelle le maître initie le disciple[2]. » Ce mot est familier à toutes les écoles brahmaniques, et rien n’est plus commun dans l’Inde que d’entendre dire : « L’Upadêça, ou la formule d’initiation, de telle ou telle secte est tel ou tel Mantra. » C’est exactement dans ce dernier sens que les Tantras buddhiques emploient le mot d’Upadêça, et cela est d’autant plus naturel que ces Tantras ne sont que des livres primitivement çivaïtes, c’est-à-dire des livres dont le fonds est indien et indépendant du

  1. Der Weise und der Thor, texte, p. 26 ; trad., p. 30.
  2. Wilson, Sanscr. Diction., p. 154, éd.1832.