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DU BUDDHISME INDIEN.

de ce prodigieux détachement aient pu passer pour doués d’une puissance supérieure à celle de l’homme, auprès de gens qui croyaient à la possibilité d’une telle puissance.

Page 67, note 2. — Voyez encore, touchant le titre de Tathâgata, la discussion à laquelle s’est livré M. G. de Humboldt, qui a distingué, comme le font les Singhalais, deux significations dans Tathâgata, selon qu’on divise ce mot ainsi, tathâ gâta ; ou ainsi, tathâ âgata[1].

Page 68, note 2, sur le mot Sugata. — D’après les explications que M. G. de Humboldt donne de ce terme, il semble qu’il y trouve le sens de « celui qui a bien marché, qui est arrivé au terme, à la perfection[2]. « Je ne disconviens pas que ce sens ne puisse être préféré à celui de bien venu, que j’ai admis. Parmi les observations dont le titre de Sugata, comme celui de Tathâgata, est l’objet de la part de M. de Humboldt, je ne puis m’empêcher de remarquer l’étonnement qu’il éprouve de ce que les titres de Sugata et de Tathâgata, qui supposent une idée de marche, de départ ou d’arrivée, puissent être appliqués au primitif Âdibuddha, l’être indépendant et invisible. Selon mon point de vue, cette application erronée s’explique facilement. Les titres de Sugata et de Tathâgata appartiennent en propre au Buddha humain Çâkyamuni ; mais quand fut inventé le Buddha divin Âdibuddha, c’était bien le moins qu’on lui accordât les qualités supérieures qu’avait possédées un simple mortel. On le décora donc de tous les titres qu’avait portés Çâkyamuni, quelque pratique et matériel qu’en pût être le sens ; on avait par devers soi la ressource des interprétations mystiques, et on pouvait toujours dire que c’était seulement en tant que Buddha mortel que le suprême Âdibuddha recevait ces divers titres.

Page 75, ligne 16. — L’expression que j’ai traduite par « les quatre soutiens de la mémoire, » est Tchatuḥ smrĭtyupasthânas ; ces smrĭtyupasthânas sont énumérés dans le Vocabulaire pentaglotte avec les noms suivants : Kâya smrĭtyupasthânam, Vêdanâ smrîtyupasthânam, Tchitta smrĭtyupasthânam, Dharma smrĭtyupasthânam[3]. Il semble d’après cela que les objets ou les moyens des quatre smrĭtyupasthânas sont le corps, la sensation, la pensée et la Loi. Les Tibétains traduisent si littéralement ce terme, qu’il est assez difficile de

  1. Ueber die Kawi-Sprache, t. I, p. 270 et 271.
  2. Ibid., p. 270.
  3. Vocab. Pentagl., sect. xxv.