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DU BUDDHISME INDIEN.

l’espace, et au-dessus, ce Vidjñâna ou l’intelligence et l’esprit ; car la connaissance étant un terme relatif, si Vidjñâna devait se traduire avec la précision que lui donnent les Mongols, on se demanderait où sont les êtres entre lesquels se passe ce fait de la connaissance. L’adjonction de l’esprit ou de l’intelligence aux éléments matériels n’en est pas moins un fait extrêmement remarquable ; et comme elle ne se montre que dans des livres que je crois postérieurs aux anciens Sûtras, j’ai toute raison de la regarder comme une invention récente. Il me semble qu’au début de leurs recherches, les Buddhistes n’ont envisagé l’esprit que sous sa forme individuelle, et dans chacun des êtres qu’ils en croyaient doués. Je ne trouve pas de trace d’un esprit absolu ou élémentaire, comme doit l’être ce Vidjñâna ou cette intelligence de la Pradjñâ ; et si cette intelligence se montre dans la théorie qui forme le fonds de ce recueil, c’est qu’elle y a été introduite par le besoin qu’on éprouvait de régulariser et de compléter une doctrine qui, sans cela, eût paru incomplète. En effet, quand on voulait expliquer l’homme, on ne savait où découvrir la source du principe intelligent qui l’anime, tandis qu’on se croyait autorisé à chercher dans chacun des éléments matériels l’origine des diverses parties dont se compose son corps. L’addition que l’on fit de l’intelligence aux éléments fondamentaux semble avoir eu pour objet d’obvier à cette difficulté. Cette addition, d’ailleurs, n’est, selon toute apparence, qu’une imitation du Tchit des Vêdantistes, et c’est probablement sur elle que s’appuyèrent plus tard les Svâbhâvikas pour faire de l’intelligence un des attributs de la nature matérielle.

« Die zwölf dazu gehörigen und damit verbundenen Bedingungen sind ihrem Begriffe nach : die Thorheit (Verfinsterung), das Thun (Wirken), das Wissen (Erkennen), die Farbe (Gestalt oder Gestaltung), die sechs Regionen (der Wesen), das Empfinden, das Vermuthen (Ahnen), die Begierde (Lust), das Nehmen (Geniessen, Aneignen), der Sansâra (Kreislauf der Geburten), das Geborenwerden und endlich das Altern und Sterben. »

Ce que les Mongols nomment ici les douze conditions sont les douze Nidânas qui sont enchaînés les uns aux autres comme l’effet à la cause. Je m’en suis occupé dans la section de la Métaphysique avec assez de détail pour n’y pas revenir ici. Je rappelle seulement les précautions que j’ai prises pour saisir le véritable caractère de chacun des termes de cette énumération. Il se peut que je n’y aie pas complètement réussi ; mais la manière dont les Mongols les envisagent ne me paraît pas mieux atteindre le but. Il y a dans leur traduction des erreurs manifestes. On en jugera par la comparaison suivie de chacune de leurs interprétations avec les termes originaux. Le premier ou le plus élevé, Avidyâ, l’ignorance, peut à la rigueur se traduire par l’obscurcissement ou l’obscurité ; mais l’action ou l’agir est une interprétation très-incomplète du Sam̃skâra. On