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INTRODUCTION À L’HISTOIRE

aux Buddhas. Le Lalita vistara est un Vyâkaraṇa de l’espèce nommée Gâthâ. »

Les observations que je viens de faire sur les Gêyas et les Vyâkaraṇas ne s’appliquent pas moins rigoureusement aux Gâthâs. Ce mot désigne une stance, et je ne connais dans la collection de M. Hodgson aucun ouvrage qui porte ce titre. Le terme de Gâthâ se rencontre cependant plus d’une fois dans un grand nombre de ces livres ; mais, comme je l’ai dit à l’occasion des Gêyas, il n’y désigne jamais que les portions poétiques d’une étendue très-variable, qui sont fréquemment introduites dans les textes rédigés en prose. On ne doit, il me semble, attacher aucune importance à cette observation, que le Lalita est un Vyâkaraṇa de l’espèce appelée Gâthâ ; elle tend à donner au titre de Vyâkaraṇa un caractère de généralité qui en fait le nom d’une classe de quelque étendue ; et c’est de cette manière que M. Hodgson a pu dire, d’après ses autorités népâlaises, que les Gâthâs passent pour une sous-division des Vyâkaranas[1]. Mais les remarques dont ce titre a été l’objet dans le paragraphe précédent nous ont appris ce qu’il désignait à proprement parler ; et l’autorité irrécusable des textes nous montre qu’il n’offre, avec celui de Gâthâ, d’autre analogie que de se rencontrer dans les mêmes ouvrages. Quant au terme même de Gâthâ, les Buddhistes chinois le définissent ainsi : « Ce mot signifie vers chanté ; c’est un discours direct et de longue haleine en vers, comme le Koung phin dans le Kin kouang ming king ou le Livre de la splendeur de l’éclat de l’or[2]. » Cette définition, en distinguant par l’étendue les Gâthâs des Gêyas, nous reporte à celle que la liste népâlaise donne des Gêyas, et qui semble s’appliquer à des ouvrages d’une certaine longueur et entièrement écrits en vers. J’ignore le terme sanscrit correspondant aux mots chinois Koung phin, mais « Le Livre de la splendeur de l’éclat de l’or » est très-vraisemblablement le Suvarṇa prabhâsa de la collection népâlaise ; cet ouvrage renferme en effet un morceau étendu, entièrement rédigé en vers. Mais quel que puisse être l’usage que l’on fait des Gâthâs dans les textes réputés sacrés, je ne puis m’empêcher de remarquer combien la définition chinoise confirme ce que j’ai dit plus haut touchant le rapport des Gâthâs avec les Gêyas. Sans revenir sur ce point, je me contente de répéter qu’ici encore nous devons voir, non le titre d’une classe spéciale de livres, mais l’indication d’un des éléments qui entrent dans la composition de ces livres mêmes.

5o « Udân (lisez Udâna). Traités sur la nature et les attributs des Buddhas, sous la forme d’un dialogue entre un Buddharguru et un Tchêla. »

  1. Asiat. Researches, t. XVI, p. 422.
  2. Landresse, Foe koue ki, p. 322.