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INTRODUCTION À L’HISTOIRE

titre. Maintenant, que ces Udânas prennent place dans un dialogue entre un Buddha et un de ses disciples, cela est très-possible, quoique cela ne soit pas absolument nécessaire ; que les paroles de joie ou les actions de grâces que je crois qu’ils expriment se rapportent à la nature et aux attributs du Buddha, c’est ce qui est aussi aisément supposable que peu contraire à l’interprétation que je propose de ce terme ; enfin, qu’on en ait réuni un certain nombre pour en former une classe spéciale, cela est possible encore, et c’est même seulement de cette manière que l’emploi de ce terme, en tant que titre de livre, est rigoureusement explicable.

Je ne dois pas dissimuler cependant que l’interprétation des Buddhistes chinois ne s’accorde pas ici avec celle que je propose, et qu’elle semble se rapprocher plus de celle des Népâlais. « Le mot udâna, disent-ils, signifie parler de soi-même ; cela s’entend quand, sans être interrogé par personne, le Tathâgâta, par la prudence qui devine la pensée des autres, contemple le ressort de tous les êtres vivants, et, de son propre mouvement, les instruit par des prédications ; comme dans le Leng yan, où, devant l’assemblée, il parle de ce qui a rapport aux cinquante sortes de Démons, sans attendre qu’A nan (Ânanda) le prie et l’interroge ; de même dans le Mi tho king, où il parle de lui-même à Che li foe (Çâriputtra), sans que rien en ait donné l’occasion[1] » On retrouve ici quelques traces de l’explication népâlaise ; mais j’ignore sur quoi repose la définition des Buddhistes chinois ; et celle que je viens de proposer est jusqu’à présent la seule que j’aie vue justifiée par les textes sanscrits.

6o « Nidân (lisez Nidâna). Ce sont des traités dans lesquels sont montrées les causes des événements ; par exemple, comment Çâkya devint-il Buddha ? Raison ou cause, il accomplit le Dân (Dâna) et les autres Parmitas (Pâramitâs) ; » et en note : « Pâramitâ ici veut dire vertu, le mérite moral par lequel nous arrivons à nous affranchir de la condition mortelle. Dâna, ou l’aumône, est la première des dix vertus cardinales des Buddhistes ; les mots et les autres font allusion aux neuf autres vertus. »

Je ne puis pas non plus voir dans le terme de nidâna le titre d’une classe spéciale d’ouvrages. Il se trouve des Nidânas dans les livres buddhiques que nous possédons ; mais je ne rencontre ce titre sur aucun de ces livres, et la liste népâlaise que j’analyse en ce moment n’en offre pas plus d’exemples. C’est donc encore dans la signification propre du mot nidâna qu’il faut chercher la raison de l’application qu’on en peut faire à telle ou telle partie des écritures buddhiques. Ce terme, qui est fréquemment employé dans les textes sanscrits du Népâl, signifie

  1. Landresse, Foe koue ki, p. 322 et 323.