Page:Burnouf - La Science des religions.djvu/144

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les unes aux autres suivant leur ordre de perfection ; par l’impossibilité philosophique de tirer les croyances grecques et surtout celles de l’Inde du monothéisme sémitique ; enfin, par cette simple réflexion dominant tous les faits, que, quand l’humanité s’est trouvée en possession d’un principe vrai, il n’y a pas d’exemple qu’elle l’ait laissé périr.

Depuis que l’étude de l’Inde et surtout celle du Vêda ont mis la science en possession du plus ancien livre sacré de la race âryenne, on a pu commencer à reconnaître la marche d’ensemble des religions, et l’on a renoncé définitivement à l’idée de Bossuet.

En réalité, le monde religieux est soumis à deux tendances dont ni l’une ni l’autre n’est épuisée. L’une d’elles est sémitique ; elle a sa plus proche origine dans les livres de Moïse, qui semblent à leur tour avoir été en partie inspirés par l’Égypte ; elle se continue dans le christianisme moderne. L’autre est âryenne : sa plus ancienne expression est dans le Vêda ; sa dernière est le bouddhisme. L’immense majorité des hommes civilisés se partage entre ces deux doctrines : le nombre des chrétiens est évalué à deux cent quarante millions, celui des bouddhistes à deux cent millions. De plus, les sociétés où sont nées ces deux religions dominantes n’ont pas entièrement quitté leurs anciennes croyances : les israélites ne se rallient que lentement aux idées et aux cultes chrétiens : la société indienne est restée presque entièrement brâhmanique, après avoir expulsé le bouddhisme de son sein et n’en avoir conservé la trace que dans la secte moderne des jâinas. De la tendance sémitique est en outre issu le mahométisme, qui, après avoir été fait pour les Arabes, a rayonné par la conquête sur une partie considérable de l’ancien continent.

Les deux courants religieux issus des sources géné-