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rait utile de les réunir en un seul corps, comme les archéologues réunissent des médailles ou des inscriptions. On aurait, à la surface du monde actuel, un ensemble de points de repère et de jalons qui permettrait de tracer la carte des plus anciennes migrations âryennes, et de suivre la marche de nos idées religieuses depuis leur berceau. Quoi qu’il en doive être, il n’est plus douteux aujourd’hui que cette diffusion s’est produite à une époque reculée, et que tous ces vieux cultes appartiennent, aussi bien que ceux de la Grèce classique, de l’Italie, de la Perse et de l’Inde, à un même système ou plutôt à une même unité primordiale.

Les doctrines judaïques semblaient appartenir à un autre ordre d’idées et de faits.

De ces travaux de la critique, il résulte manifestement que le judaïsme ne doit plus prétendre à l’originalité. Non seulement toute la première période, des traditions juives est regardée comme un ensemble de mythes dont on doit chercher la signification ; mais la seconde période, qui s’étend de Moïse à David, n’a pas un caractère purement historique et présente un mélange de faits réels et de légendes d’un caractère idéal. On arrive ainsi à distinguer, dans les livres hébreux, les deux périodes qui se trouvent au commencement de tous les anciens peuples : l’une simplement mythologique, l’autre héroïque.

Quant à la doctrine religieuse contenue dans les livres antérieurs à la captivité de Babylone, elle se concentre dans une lutte entre le monothéisme représenté par Jéhovah et les tendances polythéistes du peuple hébreu. L’influence étrangère s’est exercée puissamment pendant la captivité et a continué d’agir, après le retour des Juifs dans leur pays : toutefois elle n’a jamais été pleinement acceptée par eux. Représentée au sein de la société israélite par une minorité intelli-