Page:Burnouf - La Science des religions.djvu/19

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hommes qui l’ont admise reconnaissent qu’elle répond à toute l’idée qu’ils se font de la divinité. Il n’y a, dans les évangiles et dans les autres livres canoniques, qu’un très-petit nombre d’expressions métaphysiques relatives à la nature divine ; le quatrième évangile fait à peine une exception ; au contraire, les livres des Pères de l’Église en contiennent un grand nombre. Parmi elles, plusieurs sont restées dans leurs écrits, comme énonçant des opinions individuelles ; d’autres sont entrées dans le domaine commun et pour ainsi dire dans le corps de la métaphysique chrétienne. Si l’on rapproche les deux époques extrêmes du christianisme ; celle des évangiles et la nôtre, la brièveté du dogme dans le premier cas et son grand développement dans le second frappent l’esprit le moins prévenu. Par conséquent on est conduit à chercher dans l’histoire les anneaux intermédiaires qui forment cette longue chaîne de dix-huit cents ans, c’est-à-dire les époques successives où l’idée chrétienne a reçu quelque éclaircissement nouveau. On reconnaît alors que c’est dans les prédications, dans les livres, dans les correspondances privées, dans les réunions des conciles, que ces progrès se sont accomplis. Dans les deux premiers cas, l’idée personnelle de l’orateur ou de l’écrivain a passé dans le dogme quand elle s’est trouvée conforme aux principes déjà reçus, ou bien elle a donné lieu à une hérésie quand cet accord n’a pu s’établir. Dans les conciles, la discussion, formée d’opinions individuelles se combattant et se contrôlant les unes les autres, a fait naître des formules qui pouvaient en apparence n’être l’œuvre d’aucun des docteurs, mais qui en réalité s’élaboraient par le travail personnel ou par l’adhésion de chacun d’eux.

La conception du dieu, puisqu’elle est personnelle et intime, ne constitue pas à elle seule une religion. Si elle ne sort pas de la pensée, elle y demeure confondue avec