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dans les croix gemmées, au point où les deux branches se croisent, là où, dans les croix nues, nous plaçons encore un foyer de rayons dorés s’échappant dans toutes les directions ; c’est le point d’où part la première étincelle dans l’opération de l’aranî.

Ailleurs, l’agneau est figuré sur un monticule d’où s’échappent quatre ruisseaux, lesquels répondent exactement aux quatre coupes instituées par les Ribhous dans l’antique sacrifice âryen, ou bien aux quatre prêtres ou aux quatre fleuves du paradis. Cette représentation de l’agneau est même la plus antique, d’après M. l’abbé Martigny.

Comment expliquer aussi la zone d’or dont l’agneau est ceint quelquefois, sinon comme est expliquée la ceinture d’or du dieu Agni dans le Véda ?

Et cette épithète d’Agniferus donnée au Précurseur, comment peut-elle signifier celui qui apporte l’agneau, puisqu’au contraire il venait pour supprimer son immolation et que lui-même fut décapité comme ennemi du culte israélite ? Ne signifiait-elle pas plutôt celui qui apporte Agni, et ne fait-elle pas voir sous un jour historique tout nouveau le rôle de saint Jean-Baptiste ?.

Enfin l’agneau parait être, à l’origine du christianisme, tellement identique avec le feu divin, que l’Apocalypse, dans la grande théorie qu’elle en donne, dit en propres termes : « La cité (mystique) n’a pas besoin du soleil ni de la Lune ; c’est l’agneau qui est son flambeau » (21,23). — Les lampes ont été pour les premiers chrétiens une occasion tout offerte de représenter symboliquement la « lumière du Christ ; » le quatrième volume du grand ouvrage de Perret en représente des plus curieuses. M. Martigny en cite une illustrée par M. de Lastérie, et dont il donne la description. Elle a la forme d’un agneau du sein duquel jaillit une source d’huile ; cet agneau porte sur la poitrine et sur la tête