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Page:Burnouf - La Science des religions.djvu/197

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tions successives à l’état de figures linéaires ou diagrammes mystiques, de l’autre on les verrait remplacés par l’objet naturel qu’ils représentent et qui le plus souvent est lui-même un symbole.

Ainsi, entre saint Pierre et saint Paul on voit tantôt le Christ, tantôt son monogramme, tantôt la croix, ou l’agneau, ou Agnès, ou Marie. Celle-ci porte indistinctement les noms de Maria ou de Mara ; elle est souvent unie à Agnès avec cette inscription : Anemara, Annemara, ou agnemarâ (en sanscrit Agnimâyâ, la Mâyâ. d’Agni).

Ailleurs, le Christ ou Marie ont pour remplaçant un vase enflammé posé sur un socle quadrangulaire : à droite et à gauche sont deux oiseaux tenant chacun une branche, ou portés sur une ligne de peinture qui en est le diagramme. Sur beaucoup de monuments, ces oiseaux portant la branche sont remplacés par deux arbres, entre lesquels on voit, soit un vase d’où sort un enfant, soit l’image d’une femme avec les noms de Maria, de Mara, d’Agne.

Quelquefois tout personnage humain a disparu : alors le Christ est remplacé par une croix ou par une inscription ayant de chaque côté un symbole idéographique.

Il est clair que dans la pensée des premiers chrétiens une sorte de substitution pouvait être faite entre les objets occupant une place homologue dans toutes ces peintures, et qu’une même idée s’y trouvait cachée. Or, cette idée devait avoir la double portée de la grande doctrine chrétienne, métaphysique et physique à la fois. La croix, les noms d’Agnès et de Marie, le vase enflammé sont expliqués par la double théorie du Christ et du Feu. Les figures latérales le sont par les peintures rappelant la nativité du Christ ou sa transfiguration. Les scènes de la passion sont absentes des monuments figurés avant le IVe siècle.