Page:Burnouf - La Science des religions.djvu/220

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un antagonisme se manifesta entre la religion indienne et celle de l’Iran. Ces deux religions avaient pourtant le même fonds de doctrines, le même culte. Il faut donc admettre que la guerre qui s’éleva entre elles n’eut pas une cause religieuse et naquit sous l’influence des milieux où la doctrine primordiale s’était transportée. Quand on étudie ces milieux, au moyen des faits et des documents authentiques, on ne tarde pas à s’apercevoir que dans l’Inde le système féodal apporté par les Aryas continua d’exister, et que la caste des brâhmanes, la première pour la dignité et les priviléges, entra dans cette constitution politique et se modela sur elle. Les brâhmanes demeurèrent indépendants entre eux comme l’étaient les rois féodaux, n’eurent jamais un chef suprême, et n’allèrent pas dans la voie de l’unité au-delà de la caste et des collèges sacerdotaux. Les lois de Manou que nous possédons offrent un système tellement coordonné dans ses parties, qu’il est impossible de dire si la religion y est faite pour la politique ou la politique pour la religion. Le brâhmanisme n’est donc pas une religion dans le sens rigoureux de ce mot ; c’est une institution politique dans laquelle la religion a été introduite comme partie intégrante : c’est la religion primordiale modifiée par un élément politique, et cet élément, c’est le principe féodal.

Une autre branche des Aryas avait pris sa route vers le sud-ouest et occupé cette portion de l’Asie qui s’étend de la mer Caspienne au golfe Persique. De bonne heure elle eut à lutter contre les grands empires de Ninive et de Babylone ; auxquels elle se substitua. Il est très-probable que ce fut dans ces luttes et parce qu’il fallait opposer puissance à puissance, qu’elle se constitua politiquement en une sorte d’empire gouverné par un roi presque absolu, sous les coups duquel tombèrent les défenseurs de la vieille féodalité. Les roches sculptées