Page:Burnouf - La Science des religions.djvu/227

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

décliné sans interruption, soit par la résistance des rois, soit par la réaction de l’esprit germanique connue sous le nom de réforme, soit par l’effet naturel des sciences positives. Le christianisme offre donc deux éléments parfaitement reconnaissables. Dans ce qu’il y a de commun entre les différentes églises, c’est-à-dire dans la métaphysique, dans les rites fondamentaux et dans les symboles les plus anciens, il est une religion universelle venue d’Asie, et se confond par ce côté avec les antiques religions des peuples Aryens ; mais les hiérarchies sacerdotales, plus ou moins semblables à des monarchies, dont l’Europe et le Nouveau-Monde nous donnent le spectacle, sont des institutions politiques. Elles n’ont rien de commun avec la religion, et diffèrent dans chaque pays. La dissolution ou la transformation de ces hiérarchies est un événement séculier auquel la religion est indifférente.

La loi du retour à l’unité est impraticable ; elle n’existe pas : la religion universelle, bien loin de pouvoir revenir à sa catholicité primordiale, tend à s’absorber dans ses formes particulières. Le christianisme, après s’être présenté comme une seule et unique religion, s’est partagé en deux grandes églises, sans compter deux ou trois communions collatérales ; plus tard ces églises se sont à leur tour subdivisées. Aujourd’hui, le nombre des sectes chrétiennes est très-grand : chaque petit pays a son église plus ou moins appropriée à son état social et politique. L’élément de diversité semble donc avoir pris dans la religion chrétienne un empire de plus en plus grand.

La religion fondamentale était une, à son origine ; ainsi la loi qui entraîne le christianisme vers une division toujours croissante est la même qui a partagé en plusieurs branches l’institution primitive et fait sortir d’une source commune les religions des Indiens, des