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se trouvent dans l’Inde à toutes les époques de son existence. Ces rites essentiels sont antérieurs à l’organisation de la société brâhmanique et à la constitution définitive de sa religion. C’est dans le Vêda qu’il faut les chercher.

Brahmâ et Çiva ne sont pas des divinités védiques. Le mot brahman est employé dans le Vêda pour signifier la prière, le rite, la religion, dont les actes s’exécutent dans l’enceinte sacrée. L’autel en est comme la figure : il est quadrangulaire et regarde les quatre points cardinaux, ce qui plus tard a fait représenter Brahmâ avec quatre visages. La conception de ce Dieu s’est substituée insensiblement à celle d’Agni, qui est à la fois le feu physique (latin : ignis), la chaleur vitale et le principe pensant, toujours uni à la vie.

Agni est la grande divinité des hymnes védiques. Dans ce recueil le panthéisme ne se trouve qu’en germe et à l’état de tendance ; mais il est déjà tout entier et pour ainsi dire formulé dans les commentaires du Vêda qui furent composés entre la période des hymnes et les temps brâhmaniques. C’est donc à cette époque que la pensée aryenne a pris dans l’Inde une direction définitive. Jusque-là le naturalisme avait été le fond de ses doctrines : les grands phénomènes de la nature avaient seuls occupe la pensée des prêtres, qui étaient en même temps poètes, pères de famille, laboureurs et guerriers. Au delà de ces phénomènes, ils avaient conçu les forces d’où ils émanent, et sans se faire d’illusion eux-mêmes sur la réalité personnelle de ces puissances, ils leur avaient prêté l’intelligence et la vie.

Dans cette sorte de panthéon mythologique, Agni occupe la première place. Le prêtre, tourne vers l’Orient, l’allume sur l’autel au lever de l’aurore : l’étincelle engendrée par le frottement se communique à des bois secs et légers ; la liqueur alcoolique du sôma et le