Page:Burnouf - La Science des religions.djvu/8

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sultats atteints, que la religion naturelle n’a presque plus de défenseurs.

À la faveur du calme qui sous le roi Louis-Philippe suivit la guerre de la philosophie et de l’Église, on put s’apercevoir que, si la lutte contre un clergé trop puissant est un devoir dans une société qui veut maintenir son équilibre, le dogme et le culte peuvent être mis hors de cause : il y a des contrées où la religion est florissante et où le clergé n’est rien, d’autres ou le clergé domine la société et le prince ; sans que la foi y ait plus d’empire sur les âmes. Une fois faite la distinction du sacerdoce et de la religion) on n’était pas loin de la science : car on put, dès cette époque, laisser à l’État, intéressé tout le premier à garder son indépendance, le soin de se défendre. Depuis lors, un grand ministre italien ayant donné la formule de l’indépendance réciproque des églises et de l’État, le but prochain où tendent toutes sociétés libérales est de la réaliser. Ainsi, retirés d’un combat qui n’est plus le leur, les philosophes, et les historiens se trouvent naturellement ramenés vers la théorie.

Or, l’esprit scientifique est aujourd’hui la grande force à laquelle obéit la société : il y règne partout ; les mathématiques étaient venues les premières ; les phénomènes du monde physique ont été étudiés à leur tour ; le monde moral est enfin devenu un objet de science. On entrevoit le lien qui unit toutes ces études, et l’on commence à comprendre que la philosophie ne peut plus prétendre à l’isolement, que ni la métaphysique, ni la science de Dieu, ni la psychologie, où l’éclectisme se retirait naguère comme dans un fort, ne se suffisent à elles-mêmes, qu’il n’y a plus aujourd’hui des sciences séparées, mais diverses parties d’une même chose que l’on peut appeler la Science.

J’ai dû présenter en raccourci ce tableau du mouve-