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et de reconnaissance, par conséquent un échange d’idées s’établit entre eux et les Perses, non seulement dans Babylone, centre de la captivité, mais dans les autres parties de l’empire. Nous voyons que depuis cette époque les relations n’ont plus cessé d’exister entre les Israélites et les Médo-Perses, et ces relations furent d’autant plus suivies que la Judée était sur le passage des Perses allant en Égypte, pays qu’ils possédaient. Cet état de choses dura jusqu’à la conquête d’Alexandre, qui mit en mouvement toute l’Asie, ouvrit des voies nouvelles où elle se précipita, et concentra bientôt dans Alexandrie les idées et les doctrines du monde entier.

Puisque la doctrine secrète date de la Captivité et qu’elle n’est point née d’un mouvement interne et spontané du judaïsme, il ne reste plus qu’à chercher si dans la société persane il existait alors une telle doctrine. Or, les travaux des orientalistes de notre siècle ont mis entre nos mains les livres sacrés de la Perse en vigueur au temps de Darius le Grand, de Cyrus et de leurs prédécesseurs. Ces textes, dont une traduction grecque existait plus de deux siècles avant Jésus-Christ, sont connus de tout le monde sous le nom de Zend-Avesta, et l’on sait qu’ils sont attribués à Zoroastre, l’antique législateur des Aryas de l’Asie moyenne[1]. La doctrine du secret s’y trouve tout entière, presque dans les termes employés par saint Jean. Est-il possible de douter qu’elle n’ait passé de là chez les Hébreux lorsque déjà sous Nabuchodonosor nous voyons le prophète Daniel, tout Juif qu’il était, recevoir le titre de rab-mag (maître des mages) et si le récit biblique

  1. Une première traduction fort inexacte fut donnée à la fin du XVIIIe siècle par Anquetil Duperron ; Eug. Burnouf a le premier discuté les textes, donné la clé de la langue zende et commenté une partie de l’Avesta. Une édition complète avec traduction et commentaire est due à M. Spiegel, dont les idées ont été critiquées ou complétées par les travaux de M. Martin Haugh.