Page:Burnouf - Le Bhâgavata Purâna, tome 1.djvu/210

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16. Aussi est-ce en renonçant aux œuvres que le sage mérite de connaître la béatitude de cet Être souverain, éternel et sans bornes. Expose donc ses actions à celui qui, méconnaissant sa propre âme est soumis à l’empire des qualités.

17. Celui qui, après avoir abandonné son devoir pour adorer le lotus des pieds de Hari, viendrait à être enlevé, avant le temps, à sa dévotion, peut-il jamais redouter quelque part une existence malheureuse ? Mais ceux qui, pour ne pas l’adorer, persistent dans la pratique de leurs devoirs, quel fruit en retireront-ils ?

18. C’est pourquoi le sage doit s’efforcer d’atteindre à cet état, que n’obtiennent pas les hommes entraînés dans le cercle des existences supérieures et inférieures. Pour ceux-ci, le bonheur, partout où il leur arrive, leur vient du dehors ; il leur est, comme le malheur, apporté par la marche impénétrable du temps.

19. Non, l’adorateur de Vichṇu ne rentrera jamais ni d’aucune manière en ce monde, comme font les autres hommes ; parce qu’en pensant au bonheur d’embrasser les pieds de Mukunda, il n’éprouvera plus, enchaîné par ce souvenir agréable, le désir de les quitter.

20. Bhagavat est certainement cet univers, et cependant il en est distinct, lui de qui vient la conservation, la destruction et la création des choses. Tu sais toi-même tout cela ; et cependant tu as enseigné qu’il n’occupait que l’espace du plus petit empan.

21. Toi dont le regard est infaillible, reconnais par toi-même que l’âme incréée naquit pour le bonheur du monde, en manifestant une portion de la substance de l’Esprit suprême ; chante donc surtout la puissance, de cet Être dont l’énergie est immense.

22. Car les chantres inspirés disent que le fruit impérissable des œuvres, telles que les mortifications, la lecture et l’audition des Vêdas, le sacrifice, la sagesse et les aumônes, n’est que l’action de célébrer les perfections du Dieu dont la gloire est excellente.

23. Autrefois, dans une existence antérieure, je naquis le fils d’une esclave de Brahmanes, et je fus destiné, encore enfant, à servir ces Yôgins qui avaient désiré d’habiter ensemble pendant la saison des pluies.