Page:Burnouf - Le Bhâgavata Purâna, tome 1.djvu/230

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chassent à instruire Yudhichṭhira par le récit des Itihâsas, l’intelligence du roi accablée par le malheur ne se réveillait pas.

47. Pensant à la mort de ses amis, et sous l’empire de l’erreur de l’affection, le roi, fils de Dharma, s’écriait comme eût fait un homme ordinaire :

48. Voyez combien l’ignorance est enracinée dans mon cœur ! Pour un corps destiné à devenir la pâture des animaux, j’ai, cruel que je suis, détruit des armées entières.

49. J’ai tué des enfants, des Brâhmanes, des alliés, des amis, des oncles, des neveux, des Gurus ! Non, dussé-je vivre des milliers d’années, je ne pourrais échapper à l’enfer.

50. Il n’y a pas de crime pour un roi qui doit protéger son peuple, à tuer, dans une lutte légitime, un frère ou des sujets ennemis. — Sans doute, et cependant ce précepte ne suffit pas pour m’éclairer.

51. Non, ce n’est pas en remplissant les devoirs imposés à un maître de maison, que je puis réparer l’injure que j’ai faite en ce monde à ces femmes dont j’ai tué les parents.

52. De même qu’on ne purifie pas une eau fangeuse avec de la fange, et qu’on n’enlève pas une tache de liqueur avec la liqueur même qui l’a produite, ainsi on ne peut se laver, par des sacrifices, du meurtre d’un seul être vivant.


FIN DU HUITIÈME CHAPITRE, AYANT POUR TITRE :

HYMNE DE KUNTÎ,

DE L’ÉPISODE DE PARÎKCHIT, DANS LE PREMIER LIVRE DU GRAND PURÂṆA,

LE BIENHEUREUX BHÂGAVATA,

RECUEIL INSPIRÉ PAR BRAHMÂ ET COMPOSÉ PAR VYÂSA.