10. Il adressa aussi son hommage à Krĭchṇa dont il connaissait la puissance, au maître de l’univers qui résidait dans son propre cœur, mais que la forme trompeuse dont il était revêtu lui montrait assis à ses côtés.
11. Quand les fils de Pâṇḍu, qui s’empressaient autour du héros avec amitié et respect, se furent assis, Bhîchma leur adressa la parole, les yeux obscurcis par les larmes de l’affection.
12. Bhîchma dit : Ô malheur ! ô honte ! Non, vous ne devez pas vivre ainsi dans l’infortune, enfants de Dharma, vous dont Atchyuta, Dharma et le Brâhmane (Vyâsa) sont le refuge.
13. Après la mort de Pâṇḍu, qui possédait beaucoup de chars, Prǐthâ sa femme, restée seule avec des fils en bas âge, souffrit, à cause de vous, bien des chagrins, malheureuse dans ses enfants.
14. Oui, c’est Kâla qui fut la cause de votre infortune, lui qui dispose à son gré du monde et des rois, comme le vent qui pousse les nuages amoncelés ;
15. Lorsque le parti que soutenaient le royal fils de Dharma, le héros armé de la massue (Krĭchṇa), le guerrier au ventre de loup (Bhîma), Ardjuna, l’ami de Krĭchṇa et le possesseur de l’arc Gâṇḍîva, fut obligé de céder.
16. C’est que nul mortel, ô roi, ne pénétra jamais les desseins de cet Être supérieur, ces desseins qui confondent l’intelligence elle-même des chantres inspirés qui s’appliquent à les connaître.
17. Aussi, héros de la race de Bharata, reconnaissant que toutes choses sont soumises au Destin, et te conformant à sa volonté, sois le chef, grand roi, des peuples qui n’ont pas de chef.
18. C’est Bhagavat, l’Esprit, le premier des êtres, Nârâyana lui-même, qui trompant le monde à l’aide de Mâyâ, vit caché parmi les descendants de la race de Vrĭchṇi.
19. Le bienheureux Çiva, Nârada, le Rĭchi des Dêvas, le bienheureux solitaire Kapila, connurent, ô roi des hommes, le mystère de la grandeur de celui
20. Que tu prends pour le fils de ton oncle maternel, que tu aimes, dont tu te crois aimé, du plus dévoué de tes alliés, de celui