sans doute, vous avez, pendant votre pèlerinage, visité les plus célèbres des étangs sacrés.
9. Les sages, dévoués comme vous à Bhagavat, sont eux-mêmes, seigneur, de véritables étangs consacrés ; ils rendent purs les saints étangs, parce que le Dieu qui porte la massue (Krǐchṇa) est en eux.
10. Et les fils de Yadu, nos amis, nos parents, dont Krǐchṇa est le Dieu, les avez-vous vus, ou en avez-vous entendu parler ? Vivent-ils heureux dans leur ville de Dvârakâ ?
11. Ainsi interrogé par Dharmarâdja, Vidura lui raconta, dans l’ordre où les faits s’étaient passés, tout ce qu’il savait ; mais il ne parla pas de la destruction de la race de Yadu.
12. Il ne leur fit pas connaître l’accomplissement de cet événement funeste dont la nouvelle les eut si cruellement frappés ; sa tendresse n’eût pu supporter de voir ses parents malheureux.
13. Il resta quelque temps au milieu des siens, traité par eux comme un Dieu, enseignant à son frère aîné la voie du salut, et faisant plaisir à tous.
14. C’est que Vidura était Yama lui-même qui avait été condamné par la malédiction [de Mâṇḍavya] à passer dans la condition de Çûdra une période de cent années, pendant laquelle Aryaman infligeait aux méchants la juste punition de leurs crimes.
15. Cependant Yudhichṭhira, qui avait recouvré l’empire, se voyant un petit-neveu destiné à continuer sa race, jouissait d’une félicité parfaite au milieu de ses frères qui brillaient semblables aux Gardiens du monde.
16. Pendant qu’ils vivaient ainsi, livrés au monde et exclusivement occupés des soins de leurs maisons, le Temps, dont la marche est irrésistible, s’écoulait pour eux sans qu’ils s’en aperçussent.
17. Vidura ayant remarqué son approche, dit à Dhrĭtarâchṭra : Quitte promptement ta demeure, ô roi ! vois le danger redoutable qui s’avance,
18. Et auquel rien dans ce monde n’a jamais pu résister ; c’est Kâla lui-même, le souverain de toutes choses, qui arrive pour nous tous.