Page:Burnouf - Le Bhâgavata Purâna, tome 1.djvu/271

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par le plaisir, il répandit d’une main libérale des richesses immenses, des vêtements et des colliers [précieux].

17. Sachant que Krĭchṇa avait été pour les Pâṇḍavas, objets de son affection, un ami, un écuyer, un ambassadeur, qu’il les avait rendus maîtres de la salle de l’assemblée, qu’il leur était dévoué, qu’il avait veillé en armes pour eux, qu’il les avait servis, loués, honorés, lui en qui le monde adore Vichṇu, le roi adressa sa dévotion au lotus des pieds de ce Dieu.

18. Pendant qu’il imitait ainsi chaque jour la conduite de ses ancêtres, apprends de moi, ô Brâhmane, quel prodige se manifesta bientôt à lui.

19. Dharma qui [sous la forme d’un taureau] ne se soutenait que sur un pied, ayant aperçu [la Terre sous la forme d’] une vache privée de sa beauté, et la face inondée de larmes, comme une mère qui a perdu son enfant, lui adressa cette question :

20. Ton corps, amie, ne souffre d’aucun mal ; cependant ta beauté flétrie, ton visage qui se fane, m’annoncent que tu es en proie à un chagrin intérieur. Est-ce que tu pleures l’absence d’un parent ou d’un époux ?

21. Pleures-tu de me voir réduit à me soutenir sur un seul pied, et condamné à servir bientôt de pâture à des Çûdras, ou de voir les Suras privés de leur part du sacrifice, ou de voir le sort des créatures auxquelles Maghavan (Indra) refuse la pluie ?

22. Pleures-tu à la vue des femmes qui ne sont pas protégées [par leurs maris], des enfants tourmentés [par leurs parents] comme par des démons, de la parole divine employée dans les familles de Brâhmanes à de mauvaises actions, et des Brâhmanes eux-mêmes, dans la maison des rois, remplissant des fonctions indignes de leur naissance ?

23. Ou à la vue des vils Kchattriyas opprimés par Kali, ou des royaumes ravagés par eux, ou des aliments, des boissons, des vêtements, des bains, des unions [illicites] auxquels le monde s’abandonne [au hasard] ?

24. Ou bien, mère féconde, en te souvenant de Hari qui s’incarna