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CHAPITRE XXIII.

CHAGRIN DE DÊVAHÛTI.


1. Mâitrêya dit : Après le départ de son père et de sa mère, la vertueuse Dêvahûti se mit à servir constamment son mari avec plaisir ; habile à deviner ses intentions, elle ressemblait à la Déesse Bhavânî auprès de Bhava son seigneur.

2. Elle était pleine de confiance et de pureté de cœur ; elle était grave, maîtresse d’elle-même, docile, affectueuse, et elle avait un doux langage.

3. Étrangère au désir, au mensonge, à la haine, à la cupidité, au péché, à la passion, toujours attentive et vigilante, elle s’efforçait de plaire à son mari qui resplendissait du plus grand éclat.

4. À la vue du dévouement profond que lui témoignait la fille du Manu, laquelle attendait de grandes bénédictions d’un mari dont la puissance l’emportait sur celle du Destin ;

5. À la vue de cette femme amaigrie par le temps, et affaiblie par l’accomplissement de ses devoirs, Kardama, le plus excellent des Dêvarchis, touché de compassion, lui dit d’une voix tremblante d’amour :

6. Je suis satisfait aujourd’hui, fille du Manu, de tes égards, de ton obéissance extrême et de ton entier dévouement ; ce précieux corps dont la possession est pour les êtres un bien si cher, tu n’y as fait aucune attention quand il a fallu souffrir pour moi.

7. Les faveurs de Bhagavat, qu’attentif à mes devoirs j’ai conquises par l’application de mon esprit à la science, à la méditation et aux austérités, ces faveurs qui exemptent de la crainte et du chagrin, vois-les, grâce au culte que tu m’as rendu, mises en ta possession : je t’accorde le don de la vue [divine].

8. Qu’est-ce d’ailleurs que les autres avantages dont on cesse de