Page:Burnouf - Le Bhâgavata Purâna, tome 2.djvu/14

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illustre et excellent ami, le professeur Lassen, de Bonn, m’avait mis en relation. M. Goldstuecker a relu les épreuves après moi ; il m’a signalé quelques fautes dans le texte, proposé quelques changements pour la traduction, et il s’est acquitté de cette tâche ingrate avec une complaisance et une exactitude dont je suis heureux de le remercier publiquement.

Je me suis efforcé, comme pour le volume précédent, de traduire aussi exactement que cela m’a été possible, sans tomber dans l’obscurité, et j’ai toujours eu devant les yeux ce précepte de Fénélon : « Quand un auteur parle au public, il n’y a aucune peine qu’il ne doive prendre pour en épargner à son lecteur. » Il n’y a, il est vrai, ici qu’un auteur, c’est le poète indien, et il paraît bien à son ouvrage qu’il n’a pas connu le précepte de Fénélon ; mais son interprète n’en a senti que plus vivement le besoin d’exprimer nettement la pensée de l’original, et d’en rendre en quelque sorte l’obscurité visible, quand les ténèbres dans lesquelles elle s’enveloppe n’ont pu être entièrement dissipées. J’ai continué à accorder une assez grande confiance au commentaire de Çrîdhara Svâmin, qui est en général ample et exact. Je l’ai suivi principalement toutes les fois qu’il a été question d’un point de fait ou de doctrine ; dans les passages purement poétiques, je me suis permis plus de liberté. Ce n’est pas que je pense que nous devions abjurer le sens commun et la connaissance que nous avons acquise de la langue sanscrite, pour nous soumettre en aveugles aux explications souvent mesquines et erronées des commentateurs indigènes ; mais je suis d’avis que leurs opinions mériteront toujours une attention particulière. En premier lieu, elles font partie de la tradition littéraire de l’Inde, qu’il ne nous appartient pas de mutiler, sous peine de fermer volontairement les yeux au développement d’idées qu’ont pro-