Page:Burnouf - Le Bhâgavata Purâna, tome 2.djvu/18

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rapport de Kavi à Vêdaçiras, mais il place le premier de ces personnages auprès de l’autre, comme s’ils étaient frères, de cette façon : « De Prâṇa [est né] le solitaire Vêdaçiras, et Kavi, descendant de Bhrǐgu, duquel fut fils le bienheureux Uçanas. » C’est déjà une présomption en faveur de ce sens, que la facilité avec laquelle on l’obtient. Mais qu’est-ce que ce Kavi dont Râdhâkant Dêb et Wilson, d’après l’autorité des lexicographes indiens, Amarasim̃ha et Hêmatchandra, font un autre nom d’Uçanas ? Y a-t-il deux Kavis, l’un dont parle le Bhâgavata et qui est le père d’Uçanas, l’autre dont parlent les lexicographes précités et qui est Uçanas lui-même ? Voici, je crois, le moyen de sortir de cette difficulté. Oui, il y a un Kavi, que le Bhâgavata Purâṇa nous représente comme le père d’Uçanas, et auquel le Rǐgvêda fait allusion en plus d’un endroit, quand il joint au nom d’Uçanas le titre patronymique de Kâvya, de la manière suivante : उशना काव्यः, ce que Rosen a bien traduit : Usanas Kavis filius, guidé ici parle commentaire de Sâyana, qui explique Kâvya par कवेः पुत्रः « le fils de Kavi[1]. » Ce nom de Kâvya est même vulgaire chez les lexicographes indiens. Amara, et après lui Hêmatchandra le donnent parmi les noms d’Uçanas ; c’est le seul que cite Puruchôttama Dêva dans son court vocabulaire[2]. Notre Bhâgavata le connaît également, car la fille d’Uçanas est nommée en un endroit « fille de Kâvya[3] ; » et dans un autre, Kâvya est employé comme synonyme d’Uçanas[4]. L’existence d’un Kavi, père d’Uçanas, cité par le Rǐgvêda et par son commentateur Sâyana, n’est donc point contestable ; c’est le Kavi de notre Purâṇa, c’est le père d’Uçanas[5].

  1. Rǐgvêda, l. I, c. vi, hymn. 83, p. 164 ; c. viii, hymn. 121, pag. 262. Vedârtha prakâça, tom. I, pag. 266 a et 365 a de mon manuscrit.
  2. Hârâvali, st. 36, pag. 8, éd. Calc,
  3. Bhâgavata Purâṇa, l. V, ch. i, st. 35.
  4. Ibid. l. VI, ch. vii, st. 23.
  5. Il ne faut pas confondre ce personnage