Page:Burnouf - Le Bhâgavata Purâna, tome 2.djvu/61

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que nous ignorassions ton essence, nous qui, pendant le sacrifice, avons été jetés par la malédiction [de Nandîçvara] dans de fausses idées. Elle nous est connue [maintenant] cette essence qu’on nomme le sacrifice, lequel est dirigé par le triple Vêda, symbole de la loi, et pour lequel tu as établi la réunion de ces Divinités.

28. Les assistants dirent : Dans le chemin de la naissance où il n’y a pas d’abri, que rendent impraticable de grandes misères, où le Dieu de la mort se présente comme un affreux reptile, où l’on a devant les yeux le mirage des objets, où les affections opposées [du plaisir et de la peine] sont des précipices, où l’on redoute les méchants comme des bêtes féroces, où la douleur est comme l’incendie de la forêt, comment une caravane d’ignorants, chargée du pesant fardeau du corps et de l’âme, tourmentée par le désir, pourrait-elle jamais, ô Dieu qui donnes un asile, parvenir jusqu’à tes pieds ?

29. Rudra dit : Si, pendant que ma pensée, ô Dieu libéral, est exclusivement occupée de tes pieds excellents, qui donnent le sens de toutes choses, et qui doivent être adorés avec respect par les solitaires mêmes que ton amour a détacha de tout ; si pendant ce temps le monde ignorant m’appelle avec mépris contempteur des lois, je puis, grâce à ton extrême bienveillance, supporter cet outrage.

30. Bhrĭgu dit : Ô toi dont Brahmâ et les autres êtres revêtus d’un corps, détournés de la connaissance de l’Esprit par l’impénétrable Mâyâ, et dormant dans les ténèbres, ne savent pas, même aujourd’hui, reconnaître l’essence, quoiqu’ils la portent en eux-mêmes, sois-moi favorable, toi l’âme et l’ami de ceux qui te vénèrent.

31. Brahmâ dit : Non, ce n’est pas ta vraie forme que celle que voit l’homme avec ses organes faits pour saisir les divers objets ; car toi, qui es l’asile de la science, de la substance et de la qualité, tu es distinct de ce produit de Mâyâ qui n’a pas d’existence réelle.

32. Indra dit : C’est là cependant ton véritable corps, ô Atchyuta ; ce corps qui produit toutes choses, qui réjouit le cœur et les yeux, et qui est muni de huit bras brandissant des armes prêtes à dissiper les ennemis des Suras.

33. Les femmes dirent : Ce sacrifice qui, institué par Dakcha en