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CHAPITRE VII.

et ayant atteint l’état de Buddha, dans les dix points de l’espace, ces seize fils du Djina devinrent eux-mêmes des Djinas, réunis deux à deux dans chacun des points de l’horizon.

89. Et ceux aussi qui, en ce temps-là, avaient entendu [la loi de leur bouche], devenus tous les Çrâvakas de ces Djinas, s’assurèrent successivement la possession de cet état de Bôdhi, à l’aide de divers moyens.

90. Et moi aussi, je faisais partie de ces [seize Çrâmanêras], et vous tous vous avez entendu ensemble [la loi de ma bouche] ; c’est pour cela que vous êtes aujourd’hui mes Çrâvakas, et que, grâce au moyen que j’emploie, je vous conduis ici tous à l’état de Bôdhi.

91. C’est là l’ancienne cause, c’est là le motif pour lequel j’expose la loi ; c’est pour vous conduire à ce suprême état de Bôdhi : ô Religieux, ne vous effrayez pas dans cette circonstance.

92. C’est comme s’il existait une forêt terrible, redoutable, vide [d’habitants], une forêt privée de tout lieu de refuge et de tout abri, fréquentée par un grand nombre de bêtes sauvages, manquant d’eau, et que cette forêt soit un lieu d’épouvante pour les enfants.

93. Qu’il s’y trouve plusieurs milliers d’hommes qui soient arrivés dans cette forêt, et qu’elle soit vide, grande, ayant cinq cents Yôdjanas d’étendue.

94. Et qu’il y ait un homme riche, doué de mémoire, éclairé, sage, instruit, intrépide, qui soit le guide de ces nombreux milliers d’hommes à travers cette forêt redoutable et terrible.

95. Que ces nombreux kôṭis d’êtres vivants, épuisés de fatigue, s’adressent ainsi en ce temps à leur guide : Nous sommes épuisés de fatigue, vénérable chef, nous n’en pouvons plus de lassitude ; f. 108 b.nous éprouvons aujourd’hui le désir de retourner sur nos pas.

96. Mais que ce guide habile et sage songe alors à employer quelque moyen convenable ; [qu’il se dise :] Hélas ! tous ces ignorants vont être privés de la possession des joyaux [qu’ils recherchent], s’ils retournent maintenant en arrière.

97. Pourquoi ne construirais-je pas aujourd’hui, à l’aide de ma puissance magique, une ville grande, ornée de mille myriades de maisons et embellie de Vihâras et de jardins,

98. D’étangs et de ruisseaux créés par ma puissance, d’ermitages et de fleurs, d’enceintes et de portes, et remplie d’un nombre infini d’hommes et de femmes ?

99. Qu’après avoir créé cette ville, le guide leur parle ainsi : N’ayez aucune crainte et livrez-vous à la joie ; vous voici arrivés à une ville excellente, hâtez-vous d’y entrer pour y faire ce que vous désirez.