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CHAPITRE VIII.

que nous nous imaginons que, sur le terrain des Arhats où nous sommes établis, nous sommes arrivés au Nirvâṇa. Nous vivons dans la peine, ô Bhagavat, puisque nous nous contentons d’une science aussi limitée [que celle que nous possédons. Mais,] f. 116 a.grâce à la prière que nous ne cessons d’adresser sans relâche, à l’effet de posséder la science de celui qui sait tout, nous sommes parfaitement instruits par le Tathâgata. Ne pensez pas, ô Religieux, [nous dit-il,] que vous soyez ainsi arrivés au Nirvâṇa complet. Il existe, ô Religieux, dans vos intelligences, des racines de vertu que j’ai fait mûrir autrefois ; et c’est ici un effet de mon habileté dans l’emploi des moyens dont je dispose, que, par l’effet du langage employé dans l’enseignement de la loi, vous pensiez qu’ici est le Nirvâṇa. C’est ainsi que Bhagavat, après nous avoir instruits, nous prédit que nous obtiendrons l’état suprême de Buddha parfaitement accompli. Ensuite ces cinq cents Religieux arrivés à la puissance, à la tête desquels était Adjñâtakâuṇḍinya, prononcèrent dans cette occasion les stances suivantes :

34. Nous sommes pleins de joie et de satisfaction d’avoir entendu cette éminente parole qui nous permet de respirer, en nous annonçant que nous parviendrons à l’état suprême de Buddha parfaitement accompli. Adoration à toi, Bhagavat, à toi dont la vue est infinie !

35. Nous confessons notre faute en ta présence ; nous disons comment nous sommes insensés, ignorants et peu éclairés, en ce que nous nous sommes contentés, sous l’enseignement du Sugata, d’une faible part de repos.

36. C’est comme s’il existait ici un homme qui vînt à entrer dans la demeure d’un de ses amis ; que cet ami fût riche et fortuné ; et qu’il donnât à cet homme beaucoup de nourriture et d’aliments.

37. Qu’après l’avoir complètement rassasié de nourriture, il lui fît présent d’un joyau d’une valeur considérable, en l’attachant au moyen d’un nœud fait à l’extrémité de son vêtement supérieur, et qu’il fût satisfait de le lui avoir donné.

f. 116 b.38. Que s’étant levé, l’homme s’en aille, ignorant cette circonstance, et qu’il se rende dans une autre ville ; que tombé dans l’infortune, misérable, mendiant, il cherche à travers beaucoup de peines à se procurer de la nourriture.

39. Qu’après avoir obtenu un peu de nourriture, il se trouve satisfait, ne pensant pas qu’il existe des aliments plus relevés ; qu’il ait oublié ce joyau attaché à son vêtement supérieur, et qu’il en ait perdu le souvenir.