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CHAPITRE XIV.

ne suffiraient pas pour atteindre le terme ? Et de plus, ce nombre immense de Bôdhisattvas, ô Bhagavat, ce nombre incalculable a longtemps rempli les devoirs de la vie religieuse ; tous ont fait croître les racines de vertus [qui étaient en eux], sous plusieurs milliers de Buddhas ; ils ont été conduits à la perfection pendant plusieurs centaines de mille de Kalpas.

C’est, ô Bhagavat, comme s’il y avait un homme jeune, un adolescent avec des cheveux noirs, un homme de la première jeunesse, âgé de vingt-cinq ans ; que cet homme montre comme ses enfants des centenaires, et qu’il parle ainsi : Ces fils de famille sont mes enfants. Que ces centenaires parlent ainsi à cet homme : Celui-là est notre propre père. Certes, ô Bhagavat, le discours de cet homme serait difficile à croire, le monde y croirait difficilement. Il en est de même, ô Bhagavat, du Tathâgata qui n’est arrivé que depuis si peu de temps à l’état suprême de Buddha parfaitement accompli, et de ces Bôdhisattvas Mahâsattvas si nombreux, qui ont accompli les devoirs de la vie religieuse pendant plusieurs centaines de mille de myriades de kôṭis de Kalpas ; f. 167 b.qui sont depuis si longtemps arrivés à la certitude ; qui sont habiles à produire et à posséder les cent mille voies qui conduisent à la méditation de la science de Buddha ; qui ont pratiqué complètement les grandes connaissances supérieures ; qui ont rempli complètement les devoirs qui conduisent à la science des grandes connaissances supérieures ; qui sont savants dans le rôle de Buddha ; qui sont habiles à converser sur les conditions des Tathâgatas ; qui sont pour le monde un sujet d’étonnement et d’admiration ; qui ont acquis une grande énergie, une grande force et une grande puissance. Et Bhagavat leur parle ainsi : C’est par moi que tous ces Bôdhisattvas ont été dès le commencement conduits, préparés, mûris, transformés dans ce rôle de Bôdhisattva. C’est depuis que je suis parvenu à l’état suprême de Buddha parfaitement accompli, que j’ai exécuté cet acte de force et d’héroïsme. Comment, Bhagavat, comment pouvons-nous ajouter foi aux paroles du Tathâgata, quand il nous dit : Le Tathâgata ne dit rien de contraire à la vérité ; c’est le Tathâgata qui sait cela ?(167 b) Oui, Bhagavat, les Bôdhisattvas entrés dans le nouveau véhicule éprouvent de l’incertitude. Quand le Tathâgata sera entré dans le Nirvâṇa complet, ceux qui entendront cette exposition de la loi, ne la croiront pas, n’y auront pas foi, ne lui accorderont pas leur confiance. C’est pourquoi, Bhagavat, ils seront livrés à des idées d’actes qui seront étrangères à la loi(167 b 2).