Aller au contenu

Page:Burnouf - Lotus de la bonne loi.djvu/238

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
217
CHAPITRE XVIII.

en entend avec cet organe de l’ouïe physique, ainsi perfectionné ; et cependant il ne possède pas pour cela l’ouïe divine. Il perçoit les voix de chacun des êtres, il les discerne, il les distingue ;f. 190 b. et son oreille, qui entend les voix de tous ces êtres avec cet organe naturel de l’ouïe, n’est pas pour cela troublée par tous ces sons. C’est là, ô Satatasamitâbhiyukta, l’organe de l’ouïe dont ce Bôdhisattva Mahâsattva devient possesseur ; et cependant il ne jouit pas pour cela de l’ouïe divine.

Voilà ce que dit Bhagavat ; ensuite Sugata le Précepteur ayant ainsi parlé, prononça encore les paroles suivantes :

7. L’organe de l’ouïe d’un tel homme devient pur, et tout naturel qu’il est, rien ne l’émousse ; à l’aide de cet organe, il entend d’ici la totalité des voix diverses de cet univers.

8. Il entend la voix des éléphants, des chevaux, des bœufs, des chèvres, des moutons ; le bruit des chars, des timbales, des tambours au son agréable, des Vinâs, des flûtes et des luths.

9. Il entend les chants doux et qui vont au cœur, et plein de fermeté, il ne se laisse pas attirer à ce charme ; il entend les voix de plusieurs kôṭis d’hommes ; il sait tout ce qu’ils disent, dans quelque lieu qu’ils le disent.

10. Il entend toujours les sons que produisent les Dêvas et les Nâgas ; il entend le bruit des chants doux et qui vont au cœur, la voix des hommes, celle des femmes, celle des enfants et celle des jeunes filles ;

11. Celle des êtres qui habitent les montagnes et les cavernes ; celle des Kalavigkas, des Kôkilas et des paons, celle des faisans et des autres oiseaux ; il entend les voix agréables de tous ces êtres.f. 191 a.

12. Il entend les lamentations effrayantes qu’arrache la souffrance aux habitants des Enfers, et les cris que poussent les Prêtas tourmentés par les douleurs de la faim ;

13. Et les paroles diverses que s’adressent les Asuras qui habitent au milieu de l’océan ; tous ces sons, en un mot, cet interprète de la loi les entend de ce monde où il réside, et il n’en est pas ému.

14. Il entend les cris que poussent entre eux les êtres qui sont nés dans des matrices d’animaux ; ces voix diverses et nombreuses, il les perçoit du monde même où il se trouve.

15. Les discours que tiennent entre eux les Dêvas qui habitent le monde de Brahmâ, les Akanichthas et les Dêvas Abhâsvaras, sont complètement perçus par lui.