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LE LOTUS DE LA BONNE LOI.

Bôdhisattva Mahâsattva Sarvasattvapriyadarçana passa ainsi douze années à manger sans cesse et sans relâche des parfums qui viennent d’être nommés, et à boire de l’huile de Tchampaka. Au bout de ces douze années, le Bôdhisattva Mahâsattva Sarvasattvapriyadarçana, après avoir revêtu son corps de vêtements divins et l’avoir arrosé d’huiles odorantes, se donna à lui-même sa bénédiction, et ensuite consuma son corpsf. 213 b. par le feu, afin d’honorer le Tathâgata et cette exposition de la loi du Lotus de la bonne loi. Alors, ô Nakchatra…abhidjna, des univers aussi nombreux que les sables de quatre-vingts Ganges furent éclairés par la splendeur des feux que lançait en brûlant le corps du Bôdhisattva Mahâsattva Sarvasattvapriyadarçana ; et les bienheureux Buddhas, égaux en nombre aux sables de quatre-vingts Ganges, qui se trouvaient dans ces univers, exprimèrent tous ainsi leur approbation : Bien, bien, ô fils de famille ; c’est bien à toi, ô fils de famille ; c’est là le véritable développement de l’énergie des Bôdhisattvas Mahâsattvas. C’est là le véritable culte dû au Tathâgata, c’est le culte dû à la loi ; on ne lui rend pas un pareil culte en lui offrant des fleurs, de l’encens, des parfums, des guirlandes, des substances onctueuses, des poudres odorantes, des vêtements, des parasols, des drapeaux, des étendards, des bannières, ni en lui offrant toute espèce d’objets de jouissance, ou du santal de l’espèce dite Uragasâra. C’est là, ô fils de famille, la première des aumônes ; celle qui consiste dans l’abandon de la royauté, dans l’abandon d’une femme et d’enfants chéris ne l’égale pas. C’est le plus distingué, le premier, le meilleur, le plus éminent, le plus parfait des cultes rendus à la loi, que l’hommage qu’on lui adresse en faisant l’abandon de son propre corps. Ensuite, ô Nakchatra…abhidjna, ces bienheureux Buddhas, après avoir prononcé ces paroles, gardèrent le silence.

Douze cents, années s’écoulèrent ainsi : pendant que le corps de Sarvasattvapriyadarçana brûlait, et cependant il ne cessait de brûler. Enfin, au bout de ces douze cents années, le feu s’arrêta,f. 214 a. alors le Bôdhisattva Mahâsattva Sarvasattvapriyadarçana, après avoir ainsi honoré le Tathâgata, quitta cette existence. Ensuite il naquit, sous l’enseignement du bienheureux Tathâgata Tchandra…çrî, vénérable, dans la maison du roi Vimaladatta, d’une manière surnaturelle, et assis les jambes croisées. À peine le Bôdhisattva Mahâsattva fut-il né, qu’il prononça au moment même, en présence de son père et de sa mère, la stance suivante :