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NOTES.

par nos quatre manuscrits, aniñdjamâna. Cette orthographe cependant donne lieu à une difficulté étymologique. En effet si ce participe est celui du radical îdj, « aller, » on devrait l’écrire avec un î ; si, d’un autre côté, il faut garder l’i bref, c’est à niñdj qu’il faut s’adresser ; mais ce dernier radical ne signifie plus « aller, se mouvoir. » J’en dirai autant du mot suivant aniñdja, lequel appartient au radical quel qu’il soit d’où dérivé le terme précité ; il faut de toute nécessité le prendre ici pour un substantif. Cette orthographe, du reste, est peut-être le résultat de l’influence d’un dialecte populaire où il serait permis, comme en pâli par exemple, de remplacer par une brève une voyelle longue de sa nature, quand cette brève vient à être suivie de deux consonnes qui lui rendent sa quantité primitive. Il se peut aussi que ce radical idj, et avec une nasale iñdj, soit une forme ou ancienne ou populaire du radical classique édj, « se mouvoir. » Quoi qu’il en soit, on le rencontre fréquemment dans les textes buddhiques du Nord, notamment dans le Lalita vistara. Quand le Buddha est parvenu à franchir les quatre degrés de la contemplation, on dit qu’il est âniñdjyaprâpta, « arrivé à l’immobilité ou à l’absence d’émotion, » c’est-à-dire à l’impassibilité[1]. En pâli, et dans un passage que l’on trouvera à l’Appendice sous le no XXI, ce mot est écrit anêdjdjappatta ; ce qui semblerait nous ramener au radical édj, si edjdja ne représentait pas plutôt un primitif sanscrit comme didjya. Avec la préposition sam, dont la nasale est souvent augmentée par l’addition fautive d’un anusvâra, ce même radical forme le substantif sam̃miñdjana, que les Tibétains rendent par « l’action de se ramasser, de se resserrer, » littéralement « se mouvoir avec ou sur soi-même ; » ce substantif se rencontre souvent opposé à prasâraṇa[2]. Le radical indj se trouve également en pâli avec cette dernière acception, comme on peut le voir par la comparaison suivante que j’emprunte à un Sutta pâli, et que je transcris exactement d’après mon manuscrit : Sêyyathâpinâma balavâ purisô sam̃miñdjitam̃vâ bâham̃ pasârêyya pasâritam̃vâ bâham̃ sam̃miñdjêyya. « Comme ferait par exemple un homme vigoureux qui étendrait son bras fermé, ou qui fermerait son bras étendu[3]. »

Mandâras.] Il faut lire mandâravas, comme font les manuscrits de M. Hodgson, et comme fait ailleurs le manuscrit de la Société asiatique sur lequel a été exécutée ma traduction. Les noms de ces arbres ne diffèrent, en effet, les uns des autres que par l’addition de l’épithète mahâ. Il n’en est pas moins vrai que le sanscrit classique ne nous fournit que mandâra, qui, d’après Wilson, désigne un des cinq arbres du paradis d’Indra, lequel répond sur la terre à l’Erythrina fulgens, l’une des fleurs les plus éclatantes de l’Inde. Wilson donne à la mañdjûchâ, auquel répond sans doute le mañdjûchaka de notre texte, le sens de « garance du Bengale. » Ces noms reparaîtront plus bas à l’occasion des arbres qualifiés de divins, ch. XVIII, f. 192 a.

Les quatre Assemblées.] C’est la réunion des Bhikchus ou mendiants, des Bhikchuṇîs ou femmes qui mendient, des Upâsakas ou fidèles, et des Upâsikâs ou femmes fidèles. Ces

  1. Lalita vistara, f. 178 a de mon man. A.
  2. Lalita vistara, fol. 136 a de mon manuscrit A ; Foucaux, Rgya tch’er rol pa, t. II, p. 249.
  3. Sakkapañha, dans Dîgh. nik. f. 118 b.