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NOTES.

hi commençant la seconde ligne, que par l’intention qu’on a eue d’éviter un hiatus entre sagatô et athâparam, dont la rencontre eût entraîné la suppression de l’a initial de atha. Je ne crois pas que nous ayons ici d’indices suffisants pour nous décider sur la question de l’antériorité relative de ces deux rédactions. Si d’un côté la présence de la conjonction hi devant athâparam semble un signe de postériorité[1], il faut avouer d’un autre que l’expression idam̃ vatvâ du pâli ne peut être plus ancienne que vaditvâ ou encore uditvâ de la formule sanscrite. Les deux langues, dans ce texte, ne s’éloignent pas assez l’une de l’autre pour que leur divergence soit décisive ; d’ailleurs, ici comme dans le cas de formules très-générales et d’un fréquent usage, les deux phrases ont pu naître et coexister dans le même temps. Je signalerai à la fin de ces notes, sur le fol. 248 b, une formule analogue où paraissent également quelques traces de mètre.

f. 114 a.St. 23. Doué de la force d’un Buddha.] Lisez, « doué des forces d’un Buddha. »

f. 114 b.St. 33. Expose également.] Il faut dire, « j’expose également, » en suivant les deux manuscrits de M. Hodgson qui mettent avec raison le verbe à la première personne, au lieu de la seconde que donne le manuscrit de la Société asiatique.

f. 115 a.Contents, satisfaits, etc.] Les expressions dont se sert le texte pour rendre l’idée de contentement et d’allégresse, reviennent toujours les mêmes, et sont comme des formules officielles auxquelles il ne paraît pas que les copistes aient osé porter la main. On retrouve une de ces expressions, celle de prîtisâumanasyadjâta, dans les livres pâlis, où elle désigne le plus haut degré de satisfaction auquel les créatures puissent arriver, quand elles entendent la prédication du Buddha. Voici le passage même à la fin duquel les mots en question se rencontrent : Yadâhi Bhagavâ manassa dêva mâra brahmaparisa­madjdjhagatô dhammam̃ dêsêti tchatuvêsâradjdjasamannâgatôyêva hôti ; na tassa kôtchi samaṇôvâ brâhmaṇôva sakkôvâ dévôvâ mârôvâ brahmâvâ pativattâ hôti ; athakhô bahudêvamanussâ dhammam̃ sutvâ haṭṭhalômahônti udagga­tchittâ pîtîsômanassadjâtâ. » Quand en effet Bhagavât s’étant « présenté devant l’assemblée des hommes, des Dêvas, des Mâras et des Brahmâs, enseigne la loi, il est doué des quatre confiances. Aucun être, soit Samaṇa (Çramaṇa), soit Brâhmana, soit Sakka (Çakra), soit Dêva, soit Mâra, soit Brahmâ, n’élève la voix pour le contredire. Mais alors les nombreux Dêvas et hommes ayant entendu la loi, sentent leurs poils se hérisser sur tout leur corps ; leur esprit s’éveille, ils sont pleins de plaisir et de satisfaction[2]. »

La science ainsi limitée.] Le mot du texte que je traduis par limité est parîtta pour paridatta, formation d’ailleurs régulière et donnée par Pâṇini. Ce sens est confirmé par le pâli, où paritta signifie « petit, en petite quantité[3]. »

  1. Bœhtlingk, Sanskrit Chrestomathie, p. 446.
  2. Djina alam̃kâra, f. 24 b.
  3. Âbhidhâna ppadîpikâ, l. III, chap. i, st. 14, et chap. iii, st. 252 ; Clough, p. 95 et 132.