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CHAPITRE II.

9. Supposons que cet univers tout entier fût complétement rempli de Çrâvakas semblables à Çârisuta, et que, se réunissant f. 20 a.tous ensemble, ces Çrâvakas se missent à réfléchir, il leur serait impossible de connaître la science du Sugata.

10. Quand bien même les dix points de l’espace seraient complétement remplis de savants semblables à toi ; quand même ils seraient pleins de personnages tels que ces Çrâvakas mes auditeurs ;

11. Et quand même, se réunissant tous ensemble, ces sages se mettraient à réfléchir sur la science du Sugata, non, même ainsi réunis, ils ne pourraient connaître la science incommensurable des Buddhas, qui m’appartient.

12. Quand même la totalité des dix points de l’espace serait remplie de Pratyêkabuddhas, exempts de toute faute, doués de sens pénétrants, arrivés à leur dernière existence corporelle ; quand ces Pratyêkabuddhas seraient aussi nombreux que les cannes et que les bambous des forêts ;

13. Et quand même, se réunissant tous ensemble, ils se mettraient à réfléchir ne fût-ce que sur une partie de mes lois suprêmes, pendant des myriades infinies de kôṭis de Kalpas, ils n’en pourraient connaître le véritable sens.

14. Que les dix points de l’espace soient remplis de Bôdhisattvas, entrés dans un nouveau véhicule, ayant accompli leur mission sous beaucoup de kôṭis de Buddhas, connaissant d’une manière positive le sens [de la doctrine], et ayant interprété un grand nombre de lois ;

15. Que tous les mondes en soient continuellement remplis, sans qu’il y reste plus d’intervalle qu’entre les cannes et les bambous des forêts, et que, se réunissant tous ensemble, ces Bôdhisattvas viennent à réfléchir sur la loi qui a été vue face à face par le Sugata ;

16. Après avoir, pendant plusieurs kôṭis de Kalpas, pendant des Kalpas aussi innombrables que les sables du Gange, f. 20 b.réfléchi exclusivement sur cette science, profondément absorbés par sa subtilité, ils ne parviendraient pas encore à en faire leur objet propre.

17. Quand même des Bôdhisattvas en nombre égal à celui des sables du Gange, devenus incapables de se détourner, se mettraient à y réfléchir avec une attention exclusive, ils ne pourraient eux-mêmes en faire leur objet propre.

18. Les Buddhas sont tous des êtres dont les lois sont profondes, subtiles, insaisissables au raisonnement, exemptes d’imperfections ; moi je connais quels sont les Buddhas, ainsi que les Djinas qui existent dans les dix points de l’univers.

19. Plein de confiance, ô Çâriputtra, tu as recherché le sens de ce que dit le Sugata ; il ne dit pas de mensonge le Djina, le grand Rĭchi, qui expose pendant longtemps la vérité excellente.