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NOTES.

CHAPITRE XII.

f. 144 b. Que Bhagavat modère son ardeur.] Le texte se sert ici de l’expression alpôtsuka, qui appartient également aux livres pâlis du Sud, ainsi que je le remarque dans cette phrase du Thûpa, vam̃sa : appôssakatam âpadjdjamânô, « éprouvant une diminution de zèle. » Les Tibétains n’ont pas traduit assez exactement le terme d’alpôtsuka, en le rendant par « peu de miséricorde. » Lorsque Çâkyamuni parvenu à la science parfaite, hésite s’il la communiquera aux hommes, le Lalita vistara s’exprime ainsi : yannvaham alpôtsukavihârêṇâiva viharêyam, ce qui signifie, « si je me contentais de rester avec peu de zèle, » et non « peu de miséricorde[1] ; » et plus bas : tathâgatasya alpôtsukatâyâi tchittam̃ natam̃ na dharmadêçanâyâm̃, « l’esprit du Tathâgata incline à avoir peu de zèle, » et non « à enseigner la loi. »

Privés de foi.] Lisez, « privés d’intelligence, n’ayant pas beaucoup de pénétration. »

f. 145 a. Dont les uns étaient Maîtres.] Voyez ci-dessus, chap. 1, f. 2 a, p. 295.

f. 147 b St. 6. Les six connaissances surnaturelles.] J’ai remarqué que notre texte compte tantôt cinq abhidjñâs, et tantôt six, dans une note consacrée aux connaissances surnaturelles, ci-dessus, chap. v, f. 75 a, p. 379, et Appendice, no XIV. Cette stance et celles qui suivent jusqu’à la fin du chapitre forment un des morceaux les plus caractéristiques de la dernière moitié du Lotus de la bonne loi. L’expression de « la fin du Kalpa » qui y revient si souvent, l’annonce des mauvais traitements que doivent souffrir les prédicateurs de la loi, la nécessité où ils se verront d’abandonner leurs monastères, tout cela forme le tableau, peu poétique il faut l’avouer, mais suffisamment expressif des persécutions qu’éprouvèrent les sectateurs du Buddha avant de quitter l’Inde centrale, où nous les trouvons encore nombreux et puissants au ive siècle de notre ère. Je ne puis croire que cette partie du Lotus ait été écrite pendant l’époque la plus florissante du buddhisme ; au contraire il est naturel de penser qu’elle porte la trace de souvenirs pénibles pour les disciples de Çâkya, et on doit conclure qu’elle a été rédigée hors de l’Inde, ou au moins pendant le temps de la lutte où les Brahmanes sont restés vainqueurs. De pareilles descriptions des misères qui sont réservées aux Buddhistes après la mort de Çâkya, sont assez fréquentes dans les livres du Nord ; je ne me souviens pas au contraire d’en avoir rencontré de ce genre dans ceux du Sud. Voyez du reste ci-dessus, chap. iii, f. 39 b, p. 366 et 367.

  1. Lalita vistara, f. 204 b de mon man. A ; Rgya tch’er rol pa, t. II, p. 368.