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NOTES.

CHAPITRE XXVI.

f. 242 b. Ces Bôdhisattvas, ô fils de famille, sont intelligents.] J’ai traduit d’après mes quatre manuscrits ce passage dont voici le texte original : udghâṭitadjnâ hi kulaputttra êtê bôdhisattvâ api tvayam̃ saddharmapuṇḍarikô dharmaparyâyô yad utâsambhinnatathatâ ; le manuscrit de Londres lit à tort yad utâsambhinnatathâgatê. Mais il faut croire que la version tibétaine se rapporte à un texte plus étendu, ou peut-être qu’elle résulte de la combinaison d’un commentaire avec le texte, car elle est certainement plus développée que l’original sanscrit. Le mot udghâṭitadjña existe aussi chez les Buddhistes de Ceylan, sous la forme de uggaṭitaññu, et il y signifie « intelligent. » Voici un passage du Nidâna vagga, qui en indique suffisamment la signification : Yassa puggalassa saha udâhaṭavélâya dhammâbhisamayô hôti ayam̃ vutchtchati puggalô ugghaṭitaññu. « La personne pour laquelle a lieu la compréhension de la loi, au moment même où elle est exposée, cette personne se nomme intelligente[1]. » À voir le choix qu’a fait le commentateur du mot udâhaṭa, qui revient au sanscrit udâhrĭta, « exposé, » il semblerait qu’il veut y rattacher étymologiquement ugghaṭita, qui cependant vient du sanscrit udghâṭita. Je rends le mot abhisamaya, comme s’il était synonyme de samaya, qui en pâli a le sens de paṭivêdha, « pénétration, compréhension profonde[2]. » D’après Turnour, ce mot aurait un sens plus religieux, car il le rend par l’expression un peu vague de « l’état de sanctification[3]. » C’est dans un sens analogue, mais avec une netteté préférable que Spiegel rend dhammâbhisamaya par « conversion à la loi[4]. » Ce sens irait très-bien à des passages comme ceux-ci : dêsanâpariyôsânê anékêsam̃ pâṇakôṭisatasahassânam̃ dhammâbhisamayô ahôsi, « quand l’enseignement fut terminé, plusieurs centaines de mille de Kôtis d’êtres vivants furent converties à la loi[5]. »

f. 243 a.Vers l’endroit où se promènera.] Il faut dire plus littéralement, « vers le tournant de sa « promenade, » c’est-à-dire vers le lieu où, touchant au point extrême de l’endroit qu’il parcourt de long en large, il va revenir sur ses pas. C’est là du moins le sens que me paraît avoir le composé tchag̃krama kuṭim. Je le trouve avec cette signification dans les textes de Ceylan, sous la forme du pâli tchagkama kôṭi, « au bout de la promenade[6]. » Seulement il doit exister entre ces deux mots la nuance suivante : kuṭi en sanscrit signifie « courbure, coude, » et kôṭi, « pointe, extrémité ; » il y a lieu de croire que ces significa-

  1. Nidâna vagga, f. 2 b.
  2. Abhidhâna ppadîpikâ, l. III, chap. iii, st.2 ; Clough, p. 166.
  3. Turnour, Examin. of Pâli Buddh. Annals, dans Journ. asiat. Soc. of Bengal, t. VII, 2e part.  p. 799.
  4. Spiegel, Kammavâkya, p. 28.
  5. Mahâvam̃sa ṭîkâ, f. 30 b.
  6. Bhûridatta djâtaka, f. 34 b, man. de Londres.