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APPENDICE.

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N° I.
SUR LE TERME DE BHIKCHU SAM̃GHA.
(Ci-dessus, chap. i, f. 1, p. 287.)

Les Tibétains rendent les mots Bhikchu sam̃gha par dge-slong-gi hdun, expression qu’il faudrait traduire, selon Csoma de Cörös, par le clergé des moines, et selon Schröter, par la réunion tout entière des moines ou du clergé. Il est évident que cette version est l’interprétation du sens extensif qu’a le terme sam̃gha, car il n’y a que le monosyllabe hdun qui y représente, à proprement parler, le mot sanscrit ; l’addition de dge donne à hdan le sens à l’assemblée vertueuse. C’est par une extension de ce genre que les Chinois, selon A. Rémusat, nomment Seng les Religieux buddhistes[1]. Le sens que j’assigne ici à Sam̃gha est celui que les Buddhistes de Ceylan attribuent également à ce mot, comme le prouve l’article suivant du Dictionnaire singhalais de Clough : « Sam̃gha, le clergé buddhiste ; « convocation de prêtres dont il suffit de réunir cinq pour former un Sam̃gha[2]. »

Les Barmans dont l’autorité est à peu près égale à celle des Singhalais, puisque leurs textes religieux sont les textes pâlis eux-mêmes anciennement transportés et traduits à Ava, entendent aussi Sam̃gha de cette manière. Judson, dans son Dictionnaire barman, le traduit ainsi : « nom général de toute espèce de mendiants Religieux, ou de dévots[3] ; » pour être plus exact, il faudrait dire, « assemblée de mendiants religieux, etc. »

N’oublions pas de remarquer que le nom de Sam̃gha, en tant que désignant l’Assemblée des Religieux Buddhistes, paraît déjà dans un monument ancien et d’une grande importance, dans un des édits religieux du roi Piyadasi. Je veux parler de l’inscription découverte par le capitaine J. S. Burt à Bhabra, entre Delhi et Djaypour. Au commencement de cet édit, le monarque s’adresse à l’Assemblée, sam̃gham̃ abhivâdêmânam̃, « l’Assemblée qu’il salue ; » et dans le cours de son édit, il en désigne les membres par le titre de bham̃tê, qui est celui même dont se servait Çâkyamuni et que répète si souvent le Kammavâkya, dans cette expression de bham̃té sam̃ghô. Le voici dans un passage dont les Pandits de Calcutta ont manqué la traduction : Êtâni bham̃té dham̃mapaliyâyâni. « Voici, sei-

  1. Nouv. Journ. asiat. t. VII, p. 267 ; Foe koue ki, p. 8 et 9.
  2. Singh. Diction. t. II, p. 688 ; The ritual of the Buddh. Priesthood, p. 7 et 8, dans Miscell. translat. from orient. lang. t. II, n° 4.
  3. Barman Diction. p. 362.