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APPENDICE. — No II.

actions existe et n’existe pas ; on ne peut pas dire que le fruit, le résultat des bonnes comme des mauvaises actions n’est pas existant, ni qu’il n’est pas non existant. Le Tathâgata existe après la mort ; le Tathâgata n’existe pas après la mort ; le Tathâgata existe et n’existe pas après la mort ; le Tathâgata n’est pas plus existant qu’il n’est non existant après la mort. Si tu m’adressais une question sur chacune de ces thèses, et si j’étais d’opinion que le Tathâgata n’est pas plus existant qu’il n’est non existant après la mort, c’est dans ce sens que je te répondrais. C’est ainsi que mon opinion est : non, il n’est pas ainsi ? non, il n’est pas autrement ; il n’est pas n’étant pas ainsi ; il n’est pas vrai que cela ne soit pas n’étant pas ainsi. Voilà de quelle manière, seigneur [f. 16 a], Sañdjaya, fils de Bêlaṭṭhi, interrogé par moi sur le résultat général et prévu [des actions humaines], m’a répondu par une doctrine de perplexité. De même que celui auquel on demanderait ce que c’est qu’une mangue, et qui répondrait, C’est le fruit de la citrouille, ou que celui auquel on demanderait ce que c’est que le fruit de la citrouille, et qui répondrait, C’est une mangue, ainsi, seigneur, Sañdjaya, fils de Bêlaṭṭhi, interrogé par moi sur le résultat général et prévu [des actions humaines], m’a répondu par une doctrine de perplexité. Alors, seigneur, cette réflexion me vint à l’esprit : Celui-là est bien le plus ignorant, le plus insensé de tous les Samaṇas et de tous les Brâhmanes. Comment se fait-il qu’interrogé sur le résultat général et prévu [des actions humaines], il aille m’exposer une doctrine de perplexité ? Alors cette réflexion me vint encore à l’esprit : [etc. comme ci-dessus, jusqu’à] je me levai de mon siége et je partis.

« Et maintenant, seigneur, j’adresse la même question à Bhagavat. Comme on voit, seigneur, les divers états où s’exercent des industries distinctes, comme par exemple l’art de monter les éléphants, [etc. comme ci-dessus, jusqu’à] comme on voit, dis-je, ces divers états et tant d’autres analogues à ceux-là donner dès ce monde-ci à ceux qui les exercent un résultat prévu qui est de les nourrir, de les rendre heureux et de les satisfaire eux-mêmes, de rendre également heureux et de satisfaire leurs pères et mères, leurs enfants et leurs femmes, leurs amis et leurs conseillers, de leur fournir le moyen de présenter aux Samaṇas et aux Brâhmanes une offrande dont l’objet est au-dessus [de ce monde], qui a pour objet le ciel ; dont le résultat doit être le bonheur, dont le ciel est le but ; ainsi, seigneur, est-il donc possible qu’on leur annonce, dès ce monde-ci, un tel résultat comme prévu et comme le résultat de leur conduite ? — Cela est possible, grand roi, [répondit Bhagavat ;] c’est pourquoi, grand roi, je t’interrogerai à mon tour ; tu répondras à ma question comme il te plaira.

« Que penses-tu de ceci, grand roi ? Supposons que tu aies ici un homme, ton esclave, ton serviteur, qui se tienne debout devant toi, qui se prosterne derrière toi, qui réponde toujours. Que faut-il faire, qui agisse pour t’être agréable, qui ait un doux parler, dont les regards soient toujours fixés sur ton visage, et que cette réflexion lui vienne à l’esprit : C’est certainement une chose surprenante, c’est une chose merveilleuse que la voie des vertus, que la récompense des vertus. Voilà le roi du Magadha, Adjâtasattu, fils de Vêdêhî, qui est un homme, et moi qui suis un homme aussi. Ce roi du Magadha, Adjâtasattu, fils de Vêdêhî, est entouré, est en possession des cinq objets des désirs ; le Dêva