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APPENDICE. — No II.

en possession des cinq objets des désirs ; le Dêva (Indra), je crois, veille à sa défense ; et moi je suis son laboureur et son maître de maison, chargé de faire rentrer ses revenus, d’augmenter la masse de ses biens. Ah ! puissé-je accomplir les actes de vertu qu’il a faits ! [etc. comme ci-dessus, jusqu’à] Que cet homme, dans un autre temps, après avoir abandonné une masse, soit petite, soit grande, de jouissances, un entourage, soit petit, soit grand, de parents, après avoir rasé sa chevelure et sa barbe, et revêtu des habits de couleur jaune, sorte de la maison pour entrer dans la vie religieuse. Qu’une fois devenu mendiant, il vive retenu en son corps, retenu en son langage, retenu en ses pensées, se conformant pour sa nourriture et ses vêtements à la volonté des autres, se plaisant dans la solitude. Que tes gens alors t’annoncent ceci : Apprends, ô Dêva (ô roi), que cet homme qui était ton laboureur et ton maître de maison, chargé de faire rentrer tes revenus, d’augmenter la masse de tes biens, que cet homme après avoir rasé sa chevelure et sa barbe, après avoir revêtu des habits de couleur jaune, est sorti de la maison pour entrer dans la vie religieuse, et qu’une fois devenu mendiant, il vit retenu en son corps, retenu en son langage, retenu en ses pensées, se conformant pour sa nourriture et ses vêtements à la volonté des autres, se plaisant dans la solitude. Est-ce que tu dirais alors : Qu’il vienne cet homme, qui est à moi ; qu’il redevienne mon laboureur, mon maître de maison, chargé de faire rentrer mes revenus, d’augmenter la masse de mes biens ? — Non certainement, seigneur ; bien au contraire, je le saluerais moi-même, je me lèverais à son approche, je l’inviterais à prendre un siége, je l’engagerais à recevoir des vêtements, une portion de nourriture, un lit et un siége, des médicaments pour les maladies et d’autres ustensiles nécessaires ; j’établirais pour lui une garde, une défense, une protection conforme à la loi. — Comment comprends-tu cela, grand roi ? Si les choses sont ainsi, existe-t-il un résultat général et prévu [des actions humaines] ? — Certainement, seigneur, puisque les choses sont ainsi, il existe un résultat général et prévu [des actions humaines]. — Voilà donc ! grand roi, la chose que je t’ai apprise, savoir qu’il existe dès ce monde même un second résultat général et prévu [des actions humaines]. — Mais est-il donc possible, seigneur, de montrer qu’il existe dès ce monde même encore un autre résultat général et prévu des actions humaines, un résultat plus éminent, plus précieux que ces résultats généraux et prévus dont il a été parlé tout à l’heure ? Cela est possible, grand roi. C’est pourquoi écoute, grand roi, et fixe bien dans ton esprit [ce que je dirai] ; je vais parler., — Oui, seigneur, répondit à Bhagavat le roi du Magadha, Adjâtasattu, fils de Vêdêhî [f. 17 a], Bhagavat parla ainsi.

« Ici, grand roi, le Tathâgata naît dans le monde, le Tathâgata vénérable, parfaitement et complètement Buddha, doué de science et de conduite, bien venu, connaissant le monde, sans supérieur, domptant l’homme comme un jeune taureau, précepteur des Dêvas et des hommes, Buddha bienheureux : Ayant reconnu par lui-même, ayant vu face à face[1] ce monde avec les Dêvas, les Mâras, les Brahmâs, ainsi que les créatures, y

  1. L’expression dont se sert le texte est sayam̃ abhiññâ satchtchhikatvâ, laquelle répond à l’expression également consacrée dans les livres du Népal, svayam abhidjñâya sâkchâtkrĭtvâ. Dans dix passages où elle se rencontre, abhiññâ y est écrit de cette manière, au lieu d’abhiññâya, qui serait seul régulier. La