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APPENDICE. — No II.

de buffles, de taureaux, de boucs, de béliers, de perdrix[1] des combats au bâton ou à coups de poings, une armée qui sort de ses retranchements, une armée qui s’avance pour combattre, une réunion de troupes, une armée rangée en bataille, des bataillons réunis[2] ; lui au contraire il a de l’aversion pour aller voir de tels spectacles. Cela même lui est compté comme vertu.

« Comme on voit de respectables Samaṇas ou Brâhmanes, qui après avoir pris des aliments dignes de confiance, se livrent à la pratique d’un acte aussi fait pour troubler l’esprit que le jeu, comme par exemple l’aṭṭhapada (le jeu des huit parties), le dasapada (le jeu des dix parties), l’âkâsa, le parihârapatha, le santika, le balika[3], le ghaṭika (le jeu du pot), le salâkahattha (le jeu des baguettes dans la main), l’akkha (le jeu de dés),

    bou c’est-à-dire « le jeu du bambou, » ou plus clairement « le jeu du bâton. » Mais si dhôvanam (qui serait mieux alors dhâvanam) signifiait « l’action de courir, » on traduirait, soit « la course avec un bambou, » soit « la course sur un bambou, » et ce dernier jeu pourrait n’être qu’un synonyme du métier de danseur de corde. Chez les commentateurs brâhmaniques, vam̃çanartin est expliqué par vam̃çêna nartanaçîla, « celui qui sait danser avec un bambou. » (Weber, Ind. Studien, t. I, p. 157.) Au reste, ce terme est écrit assez diversement dans mon manuscrit, où on lit tantôt vam̃sam̃dhôvanam̃, et tantôt vâsandhôvanam̃. On ne peut guère songer au sens de « laveur de vêtements, » sens auquel ferait penser la leçon de vâsan, et celle de dhôvana, pris dans l’acception qu’il a en singhalais. Peut-être que vamsam̃dhôvanam̃, réuni en un composé imparfait, signifie l’action de laver un bambou et fait allusion à quelque cérémonie, comme serait celle de dresser un bambou et de l’arroser d’eau en vue d’un certain résultat.

  1. Le manuscrit lit en un endroit vaddhaka, et dans l’autre vaṭṭaku ; j’en fais le sanscrit vartaka.
  2. Le texte a ici nibbuddham̃ uyyôdhikam̃ balaggam̃ sênâvyûham̃ anîkadassanam̃ ; ce passage présente quelque ambiguïté, parce qu’on ne sait pas si tous ces mots sont indépendants les uns des autres, ou s’il faut les grouper autour de certains substantifs auxquels ils se rapporteraient, comme balaggam̃, « le front des troupes, » ou sênâyûham̃, « l’armée en bataille « Heureusement que le Pâṭimôkkha, et surtout le commentaire barman qui l’accompagne dans le manuscrit de la Bibliothèque nationale, vient ici à notre secours. Voici comment ces termes y sont successivement interprétés. D’abord, ils sont tous détachés les uns des autres et subordonnés seulement à l’idée de voir, de regarder ; car il s’agit de spectacles dont le Religieux doit s’interdire la vue. Le premier nibbuddham̃ est lu uyyutam̃ par le Pâṭimôkkha, leçon qui paraît au premier abord très-éloignée de celle de notre Sutta, mais que je crois être plus correcte par les raisons suivantes. Mon manuscrit du Dîgha nikâya a en effet, en un endroit, niyyuddham̃, mot où reparaît le y nécessaire ; je remarque ensuite que les copistes singhalais confondent souvent ddha avec tta ; cela a lieu surtout pour le nom de la perdrix vattaka (en sanscrit vartaka), qu’ils écrivent constamment vaddhaka. Cette remarque nous donne niyyuttam̃, pour le sanscrit niryuktam̃, ce qui revient, sauf le préfixe, à uyyuttam̃ du Pâṭimôkkha, pour le sanscrit udyuktam̃. Le premier de ces participes signifierait bien lancé dehors, comme le second veut dire alerte, actif. Le commentaire barman du Pâṭimôkkha, faisant rapporter le dernier adjectif à sênam, qui manque dans notre Sutta, traduit uyyuttam par « une armée sortie de la forteresse » (mroiv mha thvak so tchatch sañ). L’explication des termes suivants ajoute, comme on va le voir, à la vraisemblance de cette interprétation. La glose barmane traduit uyyôdhikam̃, « le lieu où une armée s’est avancée pour combattre, le champ de bataille » (tak rhve tak rhve tchatch thoìv râ arap). Le mot suivant balaggam̃, qui semblerait devoir signifier « le bout, le front de l’armée, » est traduit par la même glose : « le lieu de réunion des troupes » (bail tchu râ arap). Il n’y a pas de doute sur sênâvyûham̃, qui signifie bien « une armée en bataille, » selon la glose, « le lieu où l’armée est rangée en bataille » (tchatch tchhang râ arap). Enfin anîkadassanam̃ signifie « la vue des bataillons, » selon la glose « la vue des groupes d’éléphants, etc. » (tchhang apòṇg tcha sañ koi chu khrang.)
  3. Le manuscrit du Subha a, en un endroit, sannibalika.