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APPENDICE. — No II.

l’unité de l’esprit qui est le calme intérieur, le Religieux, dis-je, s’arrête dans cette contemplation. Alors il baigne, inonde, remplit, comble son corps du plaisir de la satisfaction né de la méditation, et il n’y a pas dans tout son corps un point qui ne soit en contact avec ce plaisir. C’est, grand roi, comme un étang dont l’eau déborde, et dans lequel l’eau n’a entrée ni du côté de l’Est, ni du côté de l’Ouest, ni du côté du Nord, ni du côté du Sud ; si le Dêva (Indra) y faisait tomber de temps en temps de fortes averses, de manière que la pluie d’eau froide, en débordant hors de l’étang, le baignât de son eau, l’en inondât, l’en remplît, l’en comblât, alors il n’y aurait pas dans l’étang un point qui ne fût en contact avec cette eau froide. De la même manière, grand roi, le Religieux baigne, inonde, remplit, comble son corps du plaisir de la satisfaction né de la méditation, et il n’y a pas dans tout son corps un point qui ne soit en contact avec ce plaisir. Lorsque le Religieux baigne [etc. comme ci-dessus, jusqu’à] son corps du plaisir de la satisfaction né de la méditation, cela même lui est compté comme méditation. C’est là, grand roi, un résultat général et prévu qui est et plus éminent et plus précieux que les autres résultats généraux et prévus dont il a été parlé précédemment.

« Encore autre chose, grand roi [f. 53 a]. Le Religieux, par suite de la satisfaction et du détachement, reste indifférent, conservant sa mémoire et sa connaissance, et il éprouve du plaisir en son corps. Indifférent, plein de mémoire, s’arrêtant au sein du bonheur, ainsi que le définissent les Ariyas, après avoir atteint à la troisième contemplation, il s’y arrête. Alors il baigne, inonde, remplit, comble son corps d’un plaisir exempt de satisfaction, et il n’y a pas dans tout son corps un point [f. 20 b] qui ne soit en contact avec ce plaisir. De même, grand roi, que dans un étang plein de nymphæas bleus, de nymphæas rouges, de nymphæas blancs, les bleus, les rouges et les blancs nés dans l’eau, développés dans l’eau, sortis de l’eau, vivants dans l’eau où ils sont plongés, sont tous, depuis l’extrémité de la tige jusqu’à la racine, baignés, inondés, entourés, enveloppés par l’eau froide, et qu’il n’y a pas, dans tous ces nymphæas bleus, rouges et blancs, un point qui ne soit en contact avec cette eau froide ; de la même manière, grand roi, le Religieux baigne, inonde, remplit, comble son corps d’un plaisir exempt de satisfaction, et il n’y a pas dans tout son corps un point qui ne soit en contact avec ce plaisir. Lorsque le Religieux baigne [etc. comme ci-dessus, jusqu’à] son corps d’un plaisir exempt de satisfaction, cela même lui est compté comme méditation. C’est là, grand roi, un résultat général et prévu qui est et plus éminent et plus précieux que les autres résultats généraux et prévus dont il a été parlé précédemment.

« Encore autre chose, grand roi. Quand, par l’abandon du plaisir, par l’abandon de la douleur, les impressions antérieures de joie et de tristesse ont disparu, le Religieux après avoir atteint à la quatrième contemplation qui est la perfection de la mémoire et de l’indifférence dans l’absence de toute douleur et de tout plaisir, le Religieux, dis-je, s’y arrête. Alors ayant touché son corps même avec son esprit perfectionné, purifié d’une manière parfaite, il reste assis ; et il n’y a pas dans tout son corps un point qui ne soit en contact avec cet esprit perfectionné, purifié d’une manière parfaite. De même, grand roi, que si un homme s’étant enveloppé le corps et la tête d’un vêtement blanc venait