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APPENDICE. — No II.

le Religieux, dis-je, dirige son esprit, tourne son esprit vers la vue de la science, et voici comment il sait : Ce corps qui m’appartient a une forme, il est composé des quatre grands éléments, produit de l’union de mon père et de ma mère, soutenu par des aliments tels que le riz et le gruau, passager, sujet à être écorché, frotté, coupé, détruit. Et cette intelligence qui m’appartient y est attachée, y est enchaînée. * Lorsque le Religieux voyant son esprit ainsi recueilli, perfectionné, purifié, exempt de souillure, débarrassé de tout vice, [etc. comme ci-dessus, jusqu’à] et cette intelligence qui m’appartient y est attachée, y est enchaînée, cela même lui est compté comme sagesse. * C’est là, grand roi, un résultat général et prévu qui est et plus éminent et plus précieux que les autres résultats généraux et prévus dont il a été parlé précédemment.

« Le Religieux voyant son esprit ainsi recueilli, [f. 21 a. etc. comme ci-dessus, jusqu’à] arrivé à l’impassibilité, dirige son esprit, tourne son esprit vers l’action de créer [en quelque façon] sous ses yeux le Manas (l’organe de l’intelligence). Il se représente par la pensée un autre corps créé de ce corps [matériel], corps ayant une forme, consistant dans le Manas, ayant tous et chacun de ses membres, ayant des organes dirigés vers l’action. De même, grand roi, qu’un homme tirerait une flèche d’une tige de Muñdja (saccharum mundja), et ferait cette réflexion : Voici le Muñdja et voici la flèche ; autre est la tige de Muñdja, autre la flèche ; mais c’est de la tige seule du Muñdja que la flèche est sortie ; de même, grand roi, qu’un homme tirerait un glaive du fourreau, et ferait cette réflexion : Voici le glaive, voici le fourreau ; autre est le glaive, autre le fourreau ; mais c’est du fourreau seul que le glaive est sorti ; de même, grand roi, qu’un homme tirerait un serpent d’un panier, et ferait cette réflexion : Voici le serpent, et voici le panier ; autre est le serpent, autre le panier ; mais c’est du panier seul qu’a été tiré le serpent ; de la même manière, grand roi, le Religieux voyant son esprit ainsi recueilli, perfectionné, purifié, exempt de souillure, débarrassé de tout vice, devenu souple, propre à tout acte, stable, arrivé à l’impassibilité, le Religieux, dis-je, dirige son esprit, tourne son esprit vers l’action de créer [en quelque façon] sous ses yeux le Manas ; il se représente par la pensée un autre corps créé de ce corps [matériel], corps ayant une forme, consistant dans le Manas, ayant tous et chacun de ses membres, ayant des organes dirigés vers l’action. Cela même lui est compté comme sagesse. * C’est là, grand roi, un résultat général et prévu qui est et plus éminent et plus précieux que les autres résultats généraux et prévus dont il a été parlé précédemment.

« Le Religieux voyant son esprit ainsi recueilli, perfectionné, purifié, exempt de souillure, débarrassé de tout vice, [etc. jusqu’à] arrivé à l’impassibilité, le Religieux, dis-je, dirige son esprit, tourne son esprit vers la mise en action des facultés magiques. Il tente la pratique des facultés surnaturelles dont les effets sont divers ; quoique unique, il se multiplie sous plusieurs formes ; quoique s’étant multiplié, il devient unique ; il apparaît ; il disparaît ; il passe sans être arrêté au travers d’un mur, d’un rempart, d’une montagne, comme il ferait dans l’air ; il plonge et replonge dans la terre, comme il ferait dans l’eau ; il marche sur l’eau sans enfoncer, comme il ferait sur la terre ; il s’avance à travers les airs, les jambes ramenées sous son corps, comme ferait un faucon aux grandes ailes ; il atteint et touche