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APPENDICE. — No II.

pur et brillant, soit dans un vase plein d’une eau transparente, et qui reconnaissant qu’il a ses boucles d’oreilles, se dirait : J’ai mes boucles d’oreilles ; ou qui voyant qu’il ne les a pas se dirait : Je n’ai pas mes boucles d’oreilles ; de la même manière, grand roi, le Religieux voyant son esprit ainsi recueilli, [etc. comme ci-dessus, jusqu’à] se dit : Voilà un esprit non affranchi. Cela même lui est compté comme sagesse. * C’est là, grand roi, un résultat général et prévu qui est et plus éminent et plus précieux que les autres résultats généraux et prévus dont il a été parlé précédemment.

« Le Religieux voyant son esprit ainsi recueilli, [etc. comme ci-dessus, jusqu’à] arrivé à l’impassibilité, dirige son esprit, tourne son esprit vers la connaissance distincte et le souvenir de ses anciennes demeures. Il se rappelle ses anciennes demeures qui ont été nombreuses ; par exemple une existence, deux existences, trois existences, cinq, dix, vingt, trente, quarante ; cinquante, cent, mille, cent mille existences, des existences en nombre égal à plusieurs périodes de destruction (sam̃vaṭṭa kappa), à plusieurs périodes de reproduction (vivaṭṭa kappa), à plusieurs périodes de destruction et de reproduction ; j’étais là, j’avais un tel nom, j’étais d’une telle famille, d’une telle caste, je prenais tels aliments, j’éprouvais tel plaisir et telle peine ; ma vie eut une telle durée ; sorti de ce monde par la mort, je naquis de nouveau en tel endroit ; je fus là, ayant tel nom, telle famille, telle caste, prenant tels aliments, éprouvant tel plaisir et telle peine, ayant une existence de telle durée ; sorti par la mort de cette situation, je naquis de nouveau en tel endroit : c’est ainsi qu’il se rappelle ses anciennes demeures qui ont été nombreuses, avec leurs caractères et leurs particularités. De même, grand roi, qu’un homme qui de son village irait dans un autre village, de ce dernier village dans un autre encore, puis qui du dernier village reviendrait dans le sien, et ferait cette réflexion : De mon village je suis allé dans cet autre village ; je m’y suis arrêté ainsi ; je m’y suis assis de cette manière ; j’y ai parlé ainsi ; j’y ai gardé le silence en telle occasion ; de ce village je suis allé dans cet autre ; là aussi je me suis arrêté ainsi ; je m’y suis assis de cette manière ; j’y ai parlé ainsi ; j’y ai gardé le silence en telle occasion ; maintenant je suis revenu de ce village dans le mien [f. 54 b] ; de la même manière, grand roi, le Religieux voyant son esprit ainsi recueilli, [etc. comme ci-dessus, jusqu’à] se rappelle ainsi ses anciennes demeures [f. 22 b] qui ont été nombreuses, avec leurs caractères et leurs particularités. * Cela même lui est compté, comme sagesse. C’est là, grand roi, un résultat général et prévu qui est et plus éminent et plus précieux que les autres résultats généraux et prévus dont il a été parlé précédemment.

« Le Religieux voyant son esprit ainsi recueilli, [etc. comme ci-dessus, jusqu’à] arrivé à l’impassibilité, dirige son esprit, tourne son esprit vers la connaissance de la mort et de la naissance des créatures. Avec sa vue divine, pure, surpassant la vue humaine, il voit les êtres mourants ou naissants, misérables ou éminents, beaux ou laids de couleur, marchants dans la bonne ou dans la mauvaise voie, suivant la destinée de leurs œuvres. Ces êtres-ci, se dit-il, pleins des fautes qu’ils commettent en action, en parole et en pensée, qui injurient les Ariyas (Âryas), qui suivent des doctrines de mensonge, qui agissent conformément à ces doctrines de mensonge, ces êtres, les voilà qui après la dissolution du corps,