Page:Burnouf - Lotus de la bonne loi.djvu/56

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105. Et connaissant la conduite de tous les êtres, ce qu’ils ont pensé, ce qu’ils ont recherché jadis, connaissant leur force et leur énergie ainsi que leurs inclinations, ils mettent [tout cela] en lumière.

106. Ces Guides [du monde] produisent, par la force de leur science, beaucoup de raisons et d’exemples, et beaucoup de motifs ; et reconnaissant que les êtres ont des inclinations diverses, ils emploient diverses démonstrations.

107. Et moi aussi, moi qui suis le Guide des rois des Djinas, afin de rendre heureuses les créatures qui sont nées en ce monde, j’enseigne cet état de Buddha par des milliers de kôtis de démonstrations variées.

108. Je montre aussi la loi sous ses nombreuses formes, connaissant les inclinations et les pensées des êtres vivants ; je [les] réjouis par divers moyens ; c’est là la force de ma science personnelle.

109. Et moi aussi je vois les créatures misérables, complétement privées de science et de vertu, tombées dans le monde, enfermées dans des passages impraticables, plongées dans des douleurs qui se succèdent sans relâche.

110. Enchaînées par la concupiscence comme par la queue du Yak, perpétuellement aveuglées en ce monde par les désirs, elles ne recherchent pas le Buddha, dont la puissance est grande ; elles ne recherchent pas la loi, qui fait arriver la fin de la douleur.

111. Dans les six voies [de l’existence où elles se trouvent], n’ayant qu’une intelligence imparfaite, obstinément attachées aux doctrines hétérodoxes, éprouvant malheurs sur malheurs, elles m’inspirent une vive compassion.

112. Connaissant [tout cela] en ce monde, dans la pure essence de l’état de Bôdhi au sein duquel je reste trois fois sept jours entiers, je réfléchis aux objets de ce genre, les regards fixés sur l’arbre [sous lequel je suis assis].

113. Et je regarde sans fermer les yeux ce roi des arbres, et je me promène dans son voisinage ; [je contemple] cette science merveilleuse, éminente, et ces êtres ignorants qui sont aveuglés par l’erreur.

114. Et alors viennent pour m’interroger Brahmâ, Çakra et les quatre Gardiens du monde, Mahêçvara, Îçvara et les troupes des Maruts par milliers de kôtis,

115. Ayant tous les mains jointes et l’extérieur respectueux ; et moi je réfléchis aux moyens d’atteindre mon but, et je fais l’éloge de l’état de Buddha ; mais ces créatures sont opprimées par [mille] maux.

116. Ces êtres ignorants, [me dis-je,] vont mépriser la loi que je leur exposerai, et, après l’avoir méprisée, ils tomberont dans les lieux de châtiment ; il vaudrait mieux pour moi ne jamais parler. Puisse avoir lieu aujourd’hui même mon paisible anéantissement !