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Page:Burnouf - Lotus de la bonne loi.djvu/622

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APPENDICE. — N° VIII.

M. Foucaux ; je me contente d’en extraire le détail relatif aux fils du roi Tchakravartin, parce qu’il se retrouve presque mot pour mot dans la rédaction des Buddhistes du Sud : Êbhiḥ saptaratnâiḥ samanvâgatô bhavichyati tchâsya putrasahasram bhavati sûrâṇâm̃ vîrânâm varâg̃garûpiṇâm parasâinyapramardakânâm̃ ; sa imâm̃ mahâprĭthivim̃ sasâgaraparyantâm akhilâm̃ akaṇṭhakâm adaṇḍênâçastrênâbhinirdjityâdhyâvasati[1]. « Ce sont là les sept joyaux dont il est doué ; et il aura mille fils, braves, héros, ayant une forme et des membres parfaits, sachant écraser les armées de leurs ennemis. Pour lui, il réside [dans la maison], après avoir soumis la grande terre dans sa totalité jusqu’aux limites de l’Océan, sans y laisser d’épine, et en n’employant ni le châtiment, ni le glaive. » Si au contraire il renonce à la vie du monde, voici la destinée qui lui est promise : Sa tchêd agârâd anagârikâm pravradjichyati vântatchhandarâgô hêtâ ananyadêvaḥ çâstâ dêvânâñtcha manuchyâṇântcha[2]. « Mais s’il sort de la maison pour se faire mendiant, alors vide de passions et de désirs, devenu le guide [du monde], ne reconnaissant pas les autres Dieux, il sera le précepteur des Dieux et des hommes. » Le lecteur exercé reconnaîtra ici autant d’expressions consacrées qui reviennent toujours les mêmes quand il est question de ce sujet.

Voici maintenant de quelle manière les Suttas pâlis expriment ces mêmes idées ; on les retrouve plusieurs fois répétées dans le Dîgha nikâya, notamment dans l’Ambhaṭṭha sutta, et dans le Lakkhaṇa sutta, c’est-à-dire dans le Sutta relatif aux signes mêmes qui nous ont occupés et dont il s’agit d’exposer l’effet. Ce dernier texte est ainsi conçu : Dvattim̃sa bhikkhavê mahâpurisassa lakkhaṇâni yêhi samannâgatassa mahâpurisassa dvê gatiyô bhavanti anaññâ ; satchê agâram adjdjhâvasati radjâ hôti tchakkavattî dhammikô dhammarâdjâ tchâturantô vidjitâvî djanapadatthâvariyappattô sattaratanasamannâgatô. Tassimâni satta ratanâni bhavanti sêyyathidam̃ tchakkaratanam̃ hatthiratanam assaratanam maṇiratanam itthiratanam gahapatiratanam pariṇâyakaratanam êva sattamam. Parôsahassam̃ khôpanassa puttâ bhavanti sûrâ vîrag̃garûpâ parasênappamaddanâ. Sô imam̃ pathavim̃ sâgarapariyantam adaṇḍêna asaṭṭhêna dhammêna abhividjîya adjdjhâvasati. Satchê khôpanâgârasmâ anagâriyam pabbadjdjati araham̃ hôti sammâsambuddhô lôkê vivattatch­tchhaddô[3]. « Il y a, ô Religieux, trente-deux signes caractéristiques d’un grand homme ; le grand homme qui en est doué voit s’ouvrir devant lui deux voies et non une autre. S’il préfère le séjour de la maison, il devient un roi Tchakkavatti, juste, roi de justice, maître des quatre points de l’horizon, victorieux ayant acquis la propriété des campagnes, possesseur des sept joyaux. Voici maintenant quels sont les sept joyaux qu’il possède ; ce sont : le joyau de la roue, le joyau de l’éléphant, le joyau du cheval, le joyau de la pierre précieuse, le joyau de la femme, le joyau du maître de maison, le joyau du général, qui fait le septième. Il a plus de mille fils, braves, ayant la forme et les membres des héros, sachant écraser les armées de leurs ennemis. Pour lui, il réside [dans la maison], après avoir soumis cette terre jusqu’aux limites de l’Océan, en n’employant ni le châtiment ni le glaive, et par la justice seule.

  1. Lalita vistara, f. 12 b du man. A ; man. Soc. Asiat. f. 11 a ; Rgya tch’er rol pa, t. II, p. 20.
  2. Lalita vistara, f. 126 du man. A ; f. 12 a du man. Soc. Asiat. et Rgya tcher rol pa, t. II, p. 20.
  3. Lakkhaṇa sutta, dans Dîgh. nik. f. 166 b ; Ambaṭṭha sutta, ibid. p. 24 a ; Mahâpadhâna sutta, ibid. f. 69 b et 70 a. On voit, par l’identité des expressions, qu’il s’agit ici d’un type conventionnel.