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Page:Burnouf - Lotus de la bonne loi.djvu/634

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APPENDICE. — N° VIII.

susam̃hata, c’est-à-dire celle du Vocabulaire pentaglotte, qui signifie littéralement : « Ses membres sont parfaitement solides. » Cette solidité des membres fait la vigueur du corps, et c’est ce dernier caractère, effet naturel du premier, qu’ont exprimé les Tibétains. Rémusat l’entendait exactement de même en traduisant cet article par « corps robuste. » La liste singhalaise pousse cet énoncé jusqu’à l’exagération, en disant : « la faculté de posséder la force d’un millier de Kôṭis d’éléphants. » Malgré cette différence de leçon, c’est bien à cet article que se rapporte le no 28 du Dharma pradîpikâ. J’ajoute que la conséquence de tout ceci, c’est qu’on devrait substituer dans nos manuscrits du Lalita le mot susam̃hata à susamâhita. Quant à la liste des Népâlais, je n’y ai rien trouvé qui réponde à ce caractère.


29. Suvibhaktagâtraḥ ; V32 suvibhagtag̃gasratyag̃ga ; H32 savibhak­tâg̃gapratyag̃ga ; D20 suvibhattagattatâ. Ce caractère signifie, « Il a les membres bien proportionnés, » ainsi que l’entendent les Tibétains qui disent, « Son corps est bien proportionné. » A. Rémusat en a donné une interprétation assez singulière, « les extrémités des os comme un cadenas crochu, » ou, suivant la version mandchoue, « les articulations des membres très-distinctes. » Ces traductions ont été exécutées sur un texte où on lisait ag̃gapratyag̃ga au lieu de gâtra, ainsi que font le Dharma sag̃graha des Népâlais et le Vocabulaire pentaglotte, malgré les fautes grossières qui défigurent son énoncé, comme gta pour kta, et sra pour pra. Elles donneraient à croire que les Buddhistes attribuaient à pratyag̃ga le sens d’articulation. Telle n’est cependant pas l’explication que Wilson nous fournit, car il traduit pratyag̃ga par « membre inférieur du corps. » Jusqu’à ce que l’interprétation des Buddhistes soit prouvée par un plus grand nombre de textes, je continuerai à traduire ainsi l’énoncé le plus développé de nos quatre listes : « Son corps et les parties de son corps sont bien proportionnés. » Cela revient à la définition du Lalita vistara.


30. Prĭthuvipulasuparipûrṇadjânumaṇḍalah ; V25 prithutcharumaṇḍalagâ­traḥ ; H24 prĭthutchâramaṇḍalagâtratâ ; D14. samantatôtchârudjânamaṇḍalatâ. Ce caractère signifie : « Il a la rotule du genou large, développée et parfaitement pleine. » C’est exactement de cette manière que l’entendent les interprètes tibétains ; d’où l’on doit conclure qu’ils ont eu sous les yeux un texte comme celui du Lalita vistara, auquel celui de la liste singhalaise se rapporte dans sa partie la plus essentielle. Ils n’auraient pu traduire de cette manière s’ils n’avaient eu à leur disposition que l’énoncé du Vocabulaire pentaglotte ou de la liste népâlaise, où ne paraît pas l’idée du genou, et qui signifient seulement, « ses membres ont un contour beau et large, » si tant est que maṇḍala puisse se prêter au sens de contour. Je n’hésite pas à penser que ce dernier énoncé est inexact, et que le véritable est l’un de ces deux-ci, soit celui du Lalita vistara que je viens de traduire, soit celui du Dharma pradîpikâ singhalais, dont voici la traduction : « La qualité d’avoir la rotule du genou complètement belle. » L’omission du mot djânu dans les énoncés du Vocabulaire pentaglotte et de la liste népâlaise vient probablement de l’assonance des deux mots tchâru et djânu, dont le premier aura été substitué au second, ou, si on l’aime mieux, dont le second aura