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Page:Burnouf - Lotus de la bonne loi.djvu/666

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APPENDICE. — N° VIII.

Après ces observations préliminaires, nous allons énumérer les soixante-cinq noms des figures qu’on croit voir tracées sur l’empreinte du pied de Çâkyamuni, d’après le Dharma pradîpikâ des Singhalais, en rapprochant ces noms des figures mêmes que présente le dessin d’une empreinte exécutée à Siam pour le colonel Low, et en priant le lecteur de se reporter au dessin qui accompagne le troisième volume des Transactions de la Société asiatique de la Grande-Bretagne. Nous n’oublierons pas davantage la liste de Baldæus, qui offre, ainsi qu’on va le voir, une remarquable analogie avec celle du Dharma pradîpikâ.

1. Svastikaya. C’est la figure mystique familière à plusieurs sectes indiennes, et qu’on représente ainsi  ; son nom signifie littéralement, « signe de bénédiction ou de bon augure[1]. » Je ne la vois pas représentée parmi les figures qui couvrent l’empreinte publiée par le colonel Low ; mais on trouve dans sa liste, sous le no 94, Sawatthéko, qui n’est, selon toute apparence, que la transcription du pâli sôtthika ou suvatihika, si telles sont en effet les transcriptions pâlies du sanscrit svastika. Les Siamois en donnent une explication trop restreinte, quand ils y voient une partie du vêtement d’un prince[2]. Je ne retrouve pas non plus le nom de ce symbole dans la liste de Baldæus. Le signe du Svastika n’est pas moins connu des Brâhmanes que des Buddhistes, et le Râmâyana parle en un endroit de vaisseaux marqués de ce signe fortuné[3]. Je n’oserais dire cependant que cette marque, dont le nom et l’usage sont certainement anciens, puisqu’on la retrouve déjà sur les plus vieilles médailles buddhiques, soit aussi fréquemment usitée chez les premiers que chez les seconds. Il est certain que la plupart des inscriptions qu’on trouve gravées dans les cavernes buddhiques de l’ouest de l’Inde sont précédées ou suivies de la marque sacramentelle du Svastika, qui me paraît moins commune sur les monuments brâhmaniques. Le colonel Sykes, qui a traité à fond des symboles propres au Buddhisme, a reproduit, nos 8 et 12 de sa planche, deux variantes de ce signe, qu’il n’hésite pas à déclarer essentiellement buddhistes[4].


2. Çrîvastaya. C’est le Çrîvatsa des Vichṇuvites et des Djâinas, qui est comme le précédent un signe de prospérité ; on le figure ainsi Signe de prospérité, et il est fréquemment cité chez les Buddhistes de toutes les écoles[5]. Ce doit être le no 92 de la liste de J. Low, quoiqu’il en écrive le nom avec peu d’exactitude, Srî watchotcha. Cependant, au no 90 de cette même liste, lequel porte le nom siamois de Sáe, Low ajoute que ce sáe se nomme également Çrîvatsa. On doit conclure de ce rapprochement que l’article unique du Çrîvatsa s’est dédoublé dans la liste siamoise pour former le Sáe et le Srî watchotcha. On remarque d’ailleurs, sur la planche de Low, au centre et derrière la roue, un collier de diamants qui reproduit assez bien la disposition du Çrîvatsa. Ce symbole manque dans la liste de Baldæus. M. Sykes place un signe analogue à celui qui nous occupe parmi les nombreuses formes

  1. Rgya tch’er rol pa, t. II, p. 110.
  2. Transactions, etc. t. III, p. 120.
  3. Râmâyaṇa, Ayôdhyâ kâṇḍa, chap. xcvii, st. 17, t. II, p. 348, éd. Gorresio.
  4. Notes on the relig. moral and political State of India, dans Journ. as. Soc. of Great-Britain, t. VI, p. 454, et p. 207 et 208 du tirage à part.
  5. Rgya tch’er rol pa, t. II, p. 110.