Page:Burnouf - Lotus de la bonne loi.djvu/69

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de vous chacune des choses dont il aura besoin, dont il aura envie. Venez vite ; accourez pour voir ces jouets. Qu’alors ces enfants, après avoir entendu les noms de ces jouets, conformes à leurs désirs et à leurs inclinations, recherchés, aimés, désirés, estimés d’eux, se précipitent aussitôt, pour obtenir ces jouets agréables, hors de la maison en feu, avec une force nouvelle, avec une rapidité extrême, sans s’attendre les uns les autres, se poussant mutuellement, en disant : Qui arrivera le premier, qui arrivera avant l’autre ?

Qu’alors cet homme, voyant ses enfants sortis heureusement, sains et saufs, les sachant à l’abri du danger, s’assoie sur la place au milieu du village, plein de joie et de contentement, libre de préoccupation et d’inquiétude et rempli de sécurité. Qu’ensuite ces enfants, s’étant rendus à l’endroit où est leur père, s’expriment ainsi : Donne-nous, cher père, ces divers jouets charmants, comme des chariots attelés de bœufs, de chèvres, d’antilopes. Que cet homme, ô Çâriputtra, donne à ses enfants, accourus vers lui aussi vite que le vent, des chars attelés de bœufs, faits des sept substances précieuses, munis de balustrades ; auxquels est suspendu un réseau de clochettes, s’élevant à une grande hauteur, ornés de joyaux merveilleux et admirables, rehaussés par des guirlandes de pierreries, embellis de chapelets de fleurs, garnis de coussins faits de coton et recouverts de toile et de soie, ayant des deux côtés des oreillers rouges, attelés de beaux bœufs parfaitement blancs et rapides à la course, dirigés par un grand nombre d’hommes. Qu’il distribue ainsi, pour chacun de ses enfants, des chars traînés par des bœufs, munis d’étendards, doués de la rapidité et de la force du vent, de la même couleur et de la même espèce. Pourquoi cela ? Parce que cet homme, ô Çâriputtra, serait opulent, maître de grandes richesses, possesseur de maisons, de greniers et de trésors nombreux, et qu’il penserait ainsi : A quoi bon donnerais-je d’autres chars à ces enfants ? Pourquoi cela ? C’est que tous ces enfants sont mes propres fils ; ils me sont tous chers et ils ont mon affection. Ces grands chars que voilà m’appartiennent, et je dois songer à tous ces enfants d’une manière égale et sans distinction. Possesseur, comme je le suis, de beaucoup de maisons, de greniers et de trésors, je pourrais donner à tout le monde ces grands chars que voilà ; que sera-ce donc, maintenant qu’il s’agit de mes propres enfants ? Qu’en ce moment, étant montés sur ces grands chars, ces enfants soient frappés de